Les forces de sécurité dans l'est de l'Inde ont abattu ce week-end deux émeutiers hindous lors d'un regain de violences dirigées contre la minorité chrétienne, qui ont déjà fait 18 morts depuis la fin août, a annoncé la police dimanche soir.

Sous forte pression du gouvernement fédéral à New Delhi --lui même critiqué par le pape Benoît XVI et l'Italie-- les autorités de l'État de l'Orissa ont pourtant maintes fois avoir assuré avoir mis fin aux heurts entre hindous et chrétiens dans le département de Kandhamal à 300 km de la capitale régionale Bhubaneswar.

Mais samedi soir dans cette région, des paramilitaires se sont accrochés à une cinquantaine d'hindous qui avaient tenté d'attaquer une église et la maison d'un chrétien.

Les émeutiers ont même ouvert le feu sur les soldats, dont l'un a été blessé. Les paramilitaires ont riposté, tuant deux hindous et faisant 11 blessés, a déclaré le chef de la police de l'Orissa, Gopal Nanda.

Cela porte à 18 le nombre de personnes tuées depuis la fin août dans des affrontements entre hindous et chrétiens, forçant des dizaines de milliers de villageois à prendre la fuite après l'incendie d'un demi-millier de maisons et de dizaines de lieux de culte chrétiens.

Tout avait commencé le 23 août par l'assassinat d'un dignitaire du Conseil mondial hindou (Vishwa Hindu Parishad, VHP), Swami Laxmanananda Saraswati, et de ses quatre compagnons. La police y a vu la main de rebelles maoïstes, actifs dans l'Orissa, mais des hindous ont accusé des «chrétiens».

Deux personnes avaient ensuite été tuées, dont une hindoue brûlée vive dans l'incendie d'un orphelinat catholique lors de manifestations de vengeance du VHP et du parti nationaliste hindou BJP (Bharatiya Janata Party, opposition).

Dans l'Orissa --où le missionnaire chrétien australien Graham Staines et ses deux fils avaient été brûlés vifs en 1999-- des extrémistes hindous font campagne contre des «conversions forcées» au christianisme d'hindous de basses castes, des «intouchables», et des membres de tribus, qui souffrent de discriminations.

Les chrétiens ne représentent que 2,3% des 1,1 milliard d'Indiens.