Les Rwandais ont voté en masse et dans la discipline lundi, première des quatre journées des élections législatives qui devraient conforter le pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR) du président Paul Kagame, en l'absence de candidats de l'opposition.

Dès l'aube, des centaines d'électeurs étaient massés devant les différents bureaux de vote de Kigali, pour le début du scrutin, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Ainsi, dans une ambiance calme et très détendue, les électeurs formaient des files devant l'école primaire de Mbura Buturo, dans le quartier de Kigarama, dans le centre de la capitale, transformée en bureau électoral.

Selon la règle rwandaise, chaque village ou quartier fait la queue devant la salle de classe qui lui a été désignée, laissant voter en premier les personnes âgées, les femmes accompagnées d'un bébé, ou les femmes enceintes.

«Jusqu'à présent, tout est très bien organisé (...) C'est très discipliné», a relevé à l'AFP un des observateurs de l'Union européenne (UE) venus superviser le scrutin, Johan van Hecke, député européen belge: «les gens des bureaux de vote sont très au courant des procédures».

Les bureaux ont fermé à partir de 15h00 (9h00 HAE) et le dépouillement devait débuter en fin de journée dans la capitale. Selon le président de la Commission électorale, Chrysologue Karangwa, aucun incident n'avait émaillé le premier jour de scrutin et de premiers résultats partiels pourraient être connus dès mardi matin.

Lundi, les électeurs étaient appelés à choisir à la proportionnelle de liste 53 députés, élus pour cinq ans. L'Assemblée compte au total 80 députés.

La coalition sortante associant le FPR à six petits partis fait à nouveau figure de grande favorite.

Les deux autres partis présentant des candidats - le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti libéral (PL), auxquels il faut ajouter un candidat indépendant - ne relèvent pas réellement de l'opposition: à la présidentielle de 2003, ils avaient appelé à voter pour M. Kagame.

Aux législatives de 2003, la coalition dirigée par le FPR - dont la prise du pouvoir avait mis fin au génocide en 1994 - avait recueilli près de 74% des suffrages.

L'opposition politique, qui compte une douzaine de partis, est cantonnée à l'étranger depuis la fin du génocide - qui a fait selon l'ONU 800 000 morts, essentiellement issus de la minorité tutsie - et ne présente pas de candidats.

Depuis Bruxelles, une plate-forme de partis d'opposition en exil avait dénoncé fin août un simulacre de scrutin.

M. Kagame s'est de son côté dit très confiant de la victoire de son parti: «je n'ai aucune raison de ne pas avoir confiance», a-t-il répondu à des journalistes l'interrogeant sur les chances du victoire du FPR.

Sur l'absence de véritable opposition et de manifestations pour réclamer des changements, Paul Kagame a commenté: «la démocratie, cela ne veut pas dire les troubles. Nous tenons des élections sans trouble, pas pour plaire, ni pour déplaire aux observateurs».

Mardi, des collèges électoraux de femmes éliront 24 représentantes à l'Assemblée. Cette particularité dans la désignation des députés fait du Rwanda l'un des pays au monde où la représentation féminine est la plus élevée au Parlement.

Après les femmes, le Conseil national de la jeunesse choisira mercredi deux parlementaires. Jeudi, dernière étape des élections, la Fédération des associations de personnes handicapées élira son représentant.

Les résultats définitifs sont attendus le 25 septembre, selon la Commission électorale.