Les autorités indiennes se sont lancées dimanche à la poursuite d'un groupe islamiste local qui a revendiqué les cinq attentats perpétrés la veille dans des quartiers commerçants et huppés de New Delhi, faisant au moins 20 morts et quelque 100 blessés.

Le gouvernement fédéral a tenu une réunion sur la sécurité pour «discuter de mesures d'urgence à prendre à Delhi et dans autres grandes villes», a annoncé le secrétaire à l'Intérieur, Madhukar Gupta.

Des télévisions affirmaient que la police avait déjà arrêté des suspects, mais sans fournir d'autres détails.

«Nous disposons d'indices fondamentaux, d'indices positifs. Nous espérons résoudre cette affaire», a assuré à l'AFP Rajan Bhagat, porte-parole de la police de la capitale, confirmant «la mort de vingt personnes et 98 blessées».

Cinq bombes ont sauté samedi soir dans trois quartiers différents fréquentés par la nouvelle classe moyenne indienne, celle qui consomme à tour de bras et flâne le soir dans le coeur historique de cette ville tentaculaire de 14 millions d'âmes.

En l'espace de 45 minutes, les engins ont en particulier ensanglanté un symbole de New Delhi, Connaught Place, une majestueuse place construite par le colonisateur britannique, composée de deux anneaux couverts d'arcades aux centaines de commerces et restaurants locaux et occidentaux.

Un autre quartier commerçant, Greater Kailash, très prisé des nouveaux riches Indiens et des étrangers pour ses bars et librairies à la mode, a été secoué par deux bombes. Une cinquième a visé le nord de New Delhi où s'alignent des magasins d'électronique.

Trois autres ont été désamorcées à temps, a confirmé l'officier Bhagat: l'une de ces bombes a été mise au jour à la Porte de l'Inde, un arc de triomphe militaire, d'où part une gigantesque avenue, Raj Path, bordée de pelouses et de bassins où les familles viennent le soir prendre le frais, déguster des glaces et jouer au ballon.

Un groupe mal connu, les Moudjahidine indiens, a revendiqué ces attentats.

«Au nom d'Allah, les Moudjahidine indiens ont encore frappé. Faîtes ce que vous voulez. Arrêtez-nous si vous le pouvez!», ont-ils proclamé dans un courrier électronique diffusé par les médias.

Cette cellule islamiste locale avait déjà revendiqué seize attentats en juillet à Ahmedabad (Etat du Gujarat, ouest), des bombes en mai à Jaïpur (Etat touristique du Rajasthan, nord-ouest) et des attaques coordonnées en novembre 2007 contre trois villes de l'Uttar Pradesh (nord), faisant au total plus de 120 morts.

D'après des sources de services de renseignement indiens, ce groupe serait en fait issu du Mouvement islamique des étudiants d'Inde (SIMI) interdit depuis 2001.

D'autres experts pensent que ces Moudjahidine indiens n'agissent pas seuls et sont liés à des organisations islamistes basées au Pakistan et au Bangladesh --le Lashkar-e-Taiba (LeT) et le Harkat-ul-Jihad-al-Islami (HuJI)-- accusées d'avoir perpétré bon nombre d'attentats en Inde ces dernières années.

En fait, le géant asiatique de 1,1 milliards d'habitants --dont 80% d'hindous et 14% de musulmans--, devenu 10e puissance économique mondiale, est maintenant la cible d'islamistes locaux et non plus seulement de groupes venus du Pakistan ou du Bangladesh voisins.

Depuis trois ans, l'Inde est frappée environ tous les trois mois par un attentat. Les plus meurtriers restent ceux de Bombay du 12 mars 1993 (257 morts) et ceux du 11 juillet 2006 dans des trains et des gares de cette même capitale de la finance et du cinéma (186 morts).

C'est d'ailleurs de Bombay que serait parti le mail des Moudjahidine indiens, selon la presse.

La mégalopole de 18 millions d'habitants, porte-drapeau de cette «Inde qui brille», était particulièrement surveillée à l'approche de la fin de la fête hindoue de Ganesh.

Dans tout le pays, les aéroports, gares ferroviaires et routières sont depuis samedi en état d'alerte maximum.