Au moins 22 personnes ont été tuées et une centaine blessées dans cinq attentats à la bombe quasi-simultanés dans plusieurs quartiers commerçants et huppés de la capitale indienne New Delhi, des actions revendiquées par un groupe islamiste indien.

«C'est l'oeuvre des ennemis de la Nation», a fustigé le ministre de l'Intérieur, Shivraj Patil. Un responsable de la capitale a dressé un bilan provisoire de 22 morts et de 90 à 155 blessés.

«Il y a eu cinq explosions», a affirmé le porte-parole de la police, Rajan Bhagat, et les forces de l'ordre ont assuré avoir désamorcé à temps quatre autres engins.

Toutes les bombes ont sauté en l'espace de 45 minutes, à partir de 11h00, a expliqué le ministre de l'Intérieur. «Le fait que les explosions ont eu lieu dans des quartiers commerçants bondés le samedi soir, est une preuve des intentions diaboliques de leurs responsables», a-t-il dénoncé.

Le groupe des Moudjahidine indiens a revendiqué ces attentats dans un courrier électronique.

«Au nom d'Allah, les Moudjahidine indiens ont encore frappé. Faîtes ce que vous voulez. Arrêtez nous si vous le pouvez!», proclame ce message diffusé par la télévision NDTV.

Cette cellule islamiste indienne, peu connue, s'était déjà déclarée responsable d'attentats à la bombe en juillet à Ahmedabad, une ville commerçante de l'ouest de l'Inde, qui avaient fait 45 morts.

Les télévisions montraient en boucle des blessés ensanglantés gisant à terre et des ambulances sirènes hurlantes les évacuant au milieu de carcasses de véhicules déchiquetés.

D'après un expert en explosifs, les bombes étaient bourrées de billes en acier «pour faire le plus de mal possible».

Deux des cinq bombes ont secoué l'un des symboles de New Delhi, Connaught Place, une majestueuse place circulaire construite par le colonisateur britannique, composée de deux anneaux couverts d'arcades aux centaines de commerces et restaurants aux enseignes occidentales.

Un autre quartier commerçant, Greater Kailash, très prisé des nouveaux riches Indiens et des étrangers pour ses cafés, clubs et librairies à la mode, a été frappé par deux déflagrations.

«J'étais dans un magasin de jeans lorsque la première explosion a eu lieu», a raconté à l'AFP un homme d'affaires, Rajeev Nanda. «De la vitrine, j'ai vu les gens courir comme des fous», a-t-il témoigné.

Les attentats ont visé des quartiers de la nouvelle classe moyenne indienne, celle qui consommait ce soir-là à tour de bras et flânait dans le coeur historique de la capitale fédérale.

«Nous relèverons à tout prix le défi que posent le terrorisme et le communautarisme», s'est engagé le Premier ministre Manmohan Singh, dont le pays d'1,1 milliard d'habitants compte 80% d'hindous et 14% de musulmans.

La présidente de la République, Pratibha Patil, a dénoncé «un acte de violence insensé» et appelé ses concitoyens au calme. C'est un «acte lâche», a fustigé la présidente du parti du Congrès au pouvoir, Sonia Gandhi, tandis qu'un dirigeant du parti nationaliste hindou (opposition, BJP), V.K. Malhotra, jugeait que l'Inde était «comme en guerre».

«Nous avons la force de faire face à cela», a lancé le maire de New Delhi, Aarti Mehra.

Depuis trois ans, l'Inde est frappée environ tous les trois mois par un attentat.

Les plus meurtriers ont été ceux des gares de Bombay (ouest) en juillet 2006, avec 186 morts.

A New Delhi, trois attentats attribués à des groupes islamistes soutenus par le Pakistan avaient fait 66 morts en octobre 2005. En décembre 2001, un attentat contre le Parlement fédéral indien, également mis sur le compte d'islamistes liés au Pakistan, avait tué 14 personnes.

Islamabad a toujours nié et le nouveau président Asif Ali Zardari a condamné le carnage de New Delhi.

Des responsables indiens et étrangers reconnaissent maintenant que l'Inde est la cible de groupes islamistes locaux et non plus seulement d'organisations venues du Pakistan ou du Bangladesh voisins.

Tout le pays a été placé dans la nuit en état d'alerte.