Le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Barack Obama, soutiendra l'installation en Pologne d'éléments du bouclier antimissile américain seulement à condition qu'il ne soit pas dirigé contre la Russie, a affirmé jeudi le chef de la diplomatie polonaise.

«Lors de nos discussions, le sénateur Obama a carrément mis comme condition à la réalisation du bouclier des garanties qu'il ne sera pas dirigé contre la Russie», a déclaré le ministre, Radoslaw Sikorski, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe Sergueï Lavrov, en visite à Varsovie.

M. Sikorski a dit aussi avoir participé mardi à un «mini-briefing militaire» pour le candidat républicain John McCain, où «rien ne pouvait indiquer que le bouclier soit dirigé contre la Russie».

«Nous espérons donc que les craintes russes à propos de l'accord (polono-américain sur le bouclier antimissile) vont disparaître avec le temps», a-t-il ajouté.

M. Lavrov a réitéré de son côté l'opposition de Moscou à l'installation en Pologne de dix intercepteurs de missiles à longue portée, couplés avec un radar en République tchèque.

«Nous n'avons pas changé notre avis sur le bouclier», a-t-il dit, en suggérant que le rapprochement des infrastructures militaires américaines des frontières russes ne s'arrêtera pas là.

«Nous ne voyons aucune menace de la part de la Pologne, mais nous avons dit qu'il y a des risques pour la sécurité de la Fédération de Russie qui résultent du rapprochement des infrastructures américaines de nos frontières», a déclaré M. Lavrov.

«Il va y avoir aussi un troisième site, et pourquoi pas un quatrième ou un cinquième autour de la Russie», a-t-il ajouté.

Dans un article publié jeudi par le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, M. Lavrov a affirmé que bouclier antimissile américain n'avait pas d'autre cible que les missiles russes.

Selon lui, «une simple analyse militaire prouve qu'une base européenne pour la défense globale antimissile des États-Unis n'a pas, et n'aura pas pour de longues années, d'autres cibles que les missiles russes».

La Pologne a accepté en août, en pleine crise géorgienne, d'accueillir à l'horizon 2012 une base américaine de dix intercepteurs capables de détruire en vol d'éventuels missiles balistiques à longue portée, et couplés à un puissant radar implanté en République tchèque.

Selon Washington, il s'agit de parer ainsi à une éventuelle menace venant de pays comme l'Iran.

«Tout expert objectif comprend que les missiles d'Iran ne constituent aucune menace pour l'Europe, et encore moins pour les États-Unis», a affirmé M. Lavrov.