Une parade militaire importante a été exceptionnellement écourtée cette semaine en Corée-du-Nord, et son président n'y a pas assisté comme d'habitude. Ces changements ont alimenté les rumeurs voulant que Kim Jong-il soit gravement malade, ce qui pourrait mettre un terme aux négociations nucléaires avec cet État paria.

La presse sud-coréenne a rapidement rappelé les autres rumeurs d'origine diplomatique. Le 22 août, Kim Jong-il se serait écroulé durant une rencontre avec une délégation chinoise, qui aurait transmis l'information à l'ambassade sud-coréenne à Pékin. Des médecins chinois auraient été aperçus à sa résidence, et une visite de médecins allemands serait planifiée. Il souffrirait de diabète et de problèmes cardiaques mineurs.

Un diplomate nord-coréen a démenti l'information voulant que le dirigeant connaisse des problèmes de santé, qualifiant les nouvelles des médias occidentaux de « conspiration «, dans une entrevue à l'agence de presse japonaise Kyodo.

École buissonnière

Un expert de Corée du Nord a par ailleurs indiqué à La Presse que Kim Jong-il fait régulièrement l'école buissonnière, même pour des occasions importantes, apparemment parce qu'il aime être déroutant. «Il y a déjà eu de telles rumeurs par le passé, et rien n'a pu être prouvé», explique Peter Hayes, directeur de l'institut californien Nautilus, qui organise régulièrement des conférences dans les pays bordant le Pacifique Nord.

Chose certaine, les experts font parfois montre de beaucoup d'imagination. Un professeur de l'Université Waseda, au Japon, affirme dans un nouveau livre que Kim Jong-il est mort depuis cinq ans et que ce sont des doubles qui prennent sa place, profitant du fait qu'il rencontre très rarement des étrangers en personne.

M. Hayes a toutefois ajouté que dans l'éventualité d'un passage du pouvoir, le successeur du «Cher Leader» gardera le cap (le père de Kim Jong-il, Kim Il-sung, qui est toujours président même s'il est mort en 1994, se faisait appeler «Grand Leader» et son fils, par déférence, continue à adopter un nom moins pompeux).

«La lente modernisation va continuer, tout comme la stratégie nucléaire actuelle, qui consiste à extirper le plus possible de concessions à ses voisins et aux États-Unis, tout en gardant toujours ouverte l'option de la bombe A.»

Kim Jong-il a déjà dépassé de trois ans l'âge auquel son père l'avait désigné comme son successeur, en 1974 quand il avait 32 ans. Les spécialistes notent que le deuxième de ses trois fils, Kim Jong-chul, 27 ans, a régulièrement progressé depuis qu'il est rentré d'un séjour d'études en Suisse à la fin des années 90. L'aîné, Kim Jong-nam, qui a 37 ans, serait tombé en disgrâce voilà quelques années après avoir été pincé avec un faux passeport néerlandais alors qu'il tentait d'entrer à Tokyo pour visiter le parc d'attractions de Disney. Au total, Kim Jong-il a eu sept enfants de quatre épouses et maîtresses, selon Asia Times.