Les sites qui accueilleront des éléments du bouclier antimissile américain en Pologne, République tchèque ou ailleurs pourront devenir la cible de missiles intercontinentaux russes, a déclaré mercredi le chef des forces stratégiques russes cité par Interfax et Itar-Tass.

«Je ne peux pas exclure (...) que soient choisis pour cible pour une partie de nos missiles intercontinentaux les sites du bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque et des sites similaires potentiels», a déclaré le général Nikolaï Solovtsov.

«Nous sommes obligés de prendre les mesures adéquates pour ne permettre en aucune circonstance de dévaluer le potentiel russe de dissuasion nucléaire», a-t-il souligné.

La Russie a effectué fin août avec succès un essai de missile Topol, capable de déjouer une défense antimissile, dans un nouveau défi aux Américains et à leur projet d'installer des éléments de leur bouclier antimissile en Europe de l'est.

M. Solovtsov a précisé que d'ici la fin de l'année la Russie prévoyait de mener quatre tests de missiles stratégiques, dont un test du nouveau missile RS-24, capable de porter plusieurs têtes.

La Pologne et les États-Unis ont signé à la mi-août un accord permettant aux États-Unis d'installer sur le sol polonais à l'horizon 2012 dix intercepteurs capables de détruire en vol d'éventuels missiles balistiques de longue portée.

La République tchèque avait signé plus tôt cet été un accord similaire avec les États-Unis pour l'installation d'un puissant radar.

L'ensemble radar-intercepteurs est destiné selon Washington à protéger le territoire américain d'éventuelles menaces de pays comme l'Iran.

Mi août, un haut responsable militaire russe avait prévenu qu'en acceptant le déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain, la Pologne devenait une cible «prioritaire» pour d'éventuelles frappes contre ce système. «Elle devient la cible de contre-mesures», avait-il déclaré.

Ce responsable, le chef d'état-major adjoint russe Anatoli Nogovitsyne, avait ajouté dans ce contexte que la doctrine militaire russe permet le recours à l'arme nucléaire dans certains cas précis.

Les nouvelles déclarations d'un haut responsable militaire à ce sujet mercredi interviennent dans un contexte d'aggravation des tensions russo-américaines après le conflit russo-géorgien du mois d'août.