Des centaines de jeunes manifestants, opposés à la politique du président bolivien Evo Morales, se sont heurtés mardi à Santa Cruz (est) et Tarija (sud) aux forces de l'ordre faisant trois blessés, rapportent mardi soir plusieurs chaînes de télévision.

Les ministres de l'Intérieur Alfredo Rada et de la Défense Walker San Miguel ont dénoncé dans la soirée le début d'un «coup d'état civil» de la part des gouverneurs d'opposition et exécuté par des groupes «fascistes». Ils ont écarté l'idée de déclarer l'état de siège dans le pays andin.

«Le gouvernement ne va pas décréter l'état de siège» a déclaré M. San Miguel.

Les manifestants, qui protestaient contre la politique du gouvernement de gauche, se sont emparés de plusieurs administrations publiques à Santa Cruz, la région la plus riche du pays andin, et à Tarija, une région détenant la majorité des réserves d'hydrocarbures de la Bolivie (10 millions d'habitants).

«Nous avons deux policiers blessés car on nous a attaqués à la dynamite», a déclaré le chef de la police de Tarija, le colonel Reynaldo Iturri.

À Santa Cruz, des manifestants en colère ont incendié les bureaux de la chaîne de télévision publique TVB et de la radio officielle «Patria Nueva» les obligeant à cesser leurs émissions.

À Tarija, des manifestant sont entrés dans l'usine de distribution de gaz de Villamontes, située à 1.200 km au sud-est de La Paz et appartenant à la compagnie franco-brésilienne Transierra (Total et Petrobras) sans interrompre toutefois les exportations vers le Brésil.

«Pour le moment la distribution n'a pas été arrêtée» a assuré le responsable commercial de Transierra, Jorge Boland.

Ces graves incidents surviennent alors que cinq gouverneurs de régions, sur les neuf que compte la Bolivie, ont lancé depuis trois semaine une campagne de blocage de routes pour protester contre la politique de gauche du président Morales.

Ces cinq gouverneurs d'opposition refusent également son projet de Constitution qualifié d'étatiste et d'indigéniste.

À Santa Cruz, le bastion de l'opposition de droite, le central téléphonique a été occupé mardi après-midi par des jeunes de l'association d'extrême-droite Union de la jeunesse de Santa Cruz (UJC) qui a pillé les installations et jeté par les fenêtres des documents de l'entreprise.

Les cloches de la cathédrale ont dû sonner «durant toute l'après-midi sur instruction du comité civique» a indiqué un journaliste de la radio Erbol.

Plusieurs centaines de manifestants ont occupé les bureaux des impôts et de l'Institut national de la réforme agraire (INRA) à Santa Cruz, repoussant à l'extérieur policiers et militaires qui gardaient les lieux.

Sur place, la télévision a montré des images de manifestants brandissant un casque et un fusil lance-grenade lacrymogène pris aux forces de l'ordre.

Cette escalade de la violence et cette «prise de possession de bureaux de l'administration» est organisé par le gouverneur de la région de Santa Cruz Ruben Costas et par le dirigeant du comité civique Branko Marinkovic, a accusé le vice-ministre de l'Intérieur, Ruben Gamarra, dans une conférence de presse.