La situation des droits de l'homme est «sinistre» au Soudan, a estimé mardi le rapporteur spécial de l'ONU pour le pays, qui accuse les forces gouvernementales de bombarder sans distinction les civils dans la province du Darfour (ouest) en proie à une guerre civile.

«La situation des droits de l'homme sur le terrain reste sinistre», a dénoncé Sima Samar, en présentant les conclusions de son rapport sur le Soudan au Conseil des droits de l'homme, réuni en session plénière à Genève.

«Une culture de l'impunité domine: l'État échoue à rechercher, punir et juger les responsables de violations des droits de l'homme», a insisté Mme Samar.

L'experte des Nations Unies a également fait état de bombardements «hasardeux» et «disproportionnés» des forces gouvernementales sur des civils ainsi que des violences sexuelles, des vagues d'arrestations arbitraires et des disparitions.

Selon l'ONU, plus de 300 000 personnes ont péri et plus de 2,2 millions ont dû fuir depuis le début du conflit en 2003 au Darfour où s'affrontent des forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et des mouvements rebelles. Selon Khartoum, les combats ont fait 10 000 morts.

Les cas de viols et de femmes battues restent courants au Darfour, beaucoup n'étant pas enregistrés par la police qui craint les représailles des coupables, a encore expliqué Mme Samar.

Le rapporteur spécial de l'ONU pour le Soudan a par ailleurs rappelé la nécessité de soutenir la mission des forces de paix des Nations Unies (Minus) dans la province de l'ouest, en dépit des accusations faites après les affrontements de mai dans la zone pétrolifère d'Abyei disputée entre le Nord et le Sud. La Minus avait été alors accusée de n'avoir pas suffisamment protégé les civils.

Des dizaines de personnes ont été tuées et plus de 50.000 ont été déplacées lors de ces violents combats.

«Les Nations Unies n'avaient pas les moyens de contenir deux armées importantes possédant des armes lourdes et d'intervenir avec autant de force qu'elles auraient pu vouloir le faire», a justifié Mme Samar.

À la lumière des évènements d'Abyei, «il est essentiel que les Nations Unies fournissent des informations plus claires et plus pratiques sur la façon exacte dont la Minus exécute son mandat de protection des civils», a-t-elle estimé.