Une plainte a été déposée devant la cour fédérale de Washington par un groupe de vigilance et plusieurs historiens afin de contraindre le vice-président américain Dick Cheney à ne pas détruire dossiers et enregistrements amassés depuis huit ans.

Les plaignants s'appuient sur l'intérêt historique de ces documents, qui concernent la totalité des affaires politiques du pays depuis 2001.

«Ce que nous demandons à la cour, c'est d'édicter un ordre de préservation demandant au vice-président Cheney de conserver tous ses documents», en attendant que le Congrès issu des nouvelles élections puisse légiférer, a déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique Anne Weismann, qui assure le service juridique du groupe Citoyens pour la responsabilité et l'éthique à Washington (Crew).

«Des millions d'e-mails manquent entre 2003 et 2005», a regretté Melanie Sloan, directrice du Crew. Elle a rappelé que Dick Cheney refusait de fournir le moindre document aux archives nationales au motif que le vice-président «n'appartient pas à la branche exécutive» du pays.

Il s'agit, a-t-elle insisté, de s'assurer que «les générations futures aient la possibilité d'étudier et d'apprendre ce qu'a été l'administration Bush».

Ce n'est qu'après le scandale du Watergate, en 1978, alors que Richard Nixon avait détruit de nombreux documents que le Congrès a adopté une loi appelée PRA pour s'assurer que les plus hauts représentants de l'Etat laissent la totalité de leurs documents à la postérité.

Mais M. Cheney et son cabinet ont plusieurs fois fait valoir que la vice-présidence n'était pas concernée par cette loi.

«Le PRA a été voté pour qu'il soit clair que les documents du président ne sont pas ses papiers personnels mais des papiers appartenant au peuple», a ajouté Mme Sloan, soucieuse que la justice laisse le temps aux parlementaires de décider si la loi concerne aussi le vice-président, avant l'arrivée d'une nouvelle administration parce que «les papiers se seront envolés».

Partie prenante de cette procédure, l'historien américain Martin Sherwin a rappelé que le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney avaient été élus «par le peuple américain pour faire un travail particulier». «D'une certaine manière, ils sont leurs employés, ils ne peuvent pas cacher leur travail», a-t-il analysé.