Le parti au pouvoir en Angola, le MPLA, savourait lundi sa large victoire, sans attendre les résultats définitifs des premières élections législatives depuis la fin de la guerre civile en 2002.

«Le MPLA élimine l'opposition», titrait en une le Jornal de Angola, voix officielle du régime du président José Eduardo dos Santos. «Les résultats des législatives confirment un avantage écrasant», poursuivait le journal, qui a reproduit un diagramme donnant au MPLA plus de 80% des suffrages.

Selon des résultats partiels annoncés lundi à la mi-journée et portant sur près de 75% des suffrages, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli 81,62% contre 10,47% pour l'ancienne rébellion, l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita).

La commission électorale devrait annoncer de nouveaux chiffres en début de soirée.

«Les résultats correspondent à nos prévisions», s'est félicité le secrétaire de l'information du MPLA Norberto dos Santos dans un entretien au quotidien angolais.

«Dans chaque quartier, dans chaque village, nos militants sont là presque tous les jours comme un curé à l'église le dimanche», a-t-il expliqué, précisant que le parti au pouvoir avait près de trois millions de militants dans le pays.

Et le MPLA, qui disposait à l'Assemblée nationale de 129 sièges sur 220 avant le scrutin, semble avoir atteint son objectif: décrocher une majorité des deux tiers qui lui permettrait de réviser la Constitution temporaire adoptée en 1991.

Dans l'ensemble, ce scrutin qui a eu lieu vendredi et a été étendu samedi dans la capitale en raison de problèmes logistiques, «s'est bien déroulé», selon le chef de la mission d'observation de l'Union africaine (UA), Benjamin Bounkoulou, également vice-président du Sénat du Congo.

Les élections ont été «libres, démocratiques et transparentes» et les problèmes logistiques à Luanda «ne peuvent remettre en cause l'issue du scrutin», a-t-il dit.

Selon un observateur de l'Union européenne en Angola, Richard Howitt, des «intimidations» et des achats de vote ont cependant eu lieu au Cabinda (nord-ouest), la riche enclave pétrolière.

Il raconte avoir vu des soldats devant un bureau de vote et rencontré des personnes, qui ont été acheminées du Congo voisin par le MPLA pour voter dans cette province, théâtre de troubles séparatistes sporadiques. Le rapport officiel de l'UE est attendu lundi en fin de journée.

Face au chaos qui a régné dans les opérations de vote de la capitale, qui regroupait deux-tiers des électeurs, l'Unita a déposé samedi une plainte devant la Commission électorale. Le parti décidera en fonction de la réponse de la Commission de saisir ou non la Cour constitutionnelle.

«On a reconnu qu'il y a eu des problèmes au départ dans le vote (à Luanda) mais ce n'est pas une raison pour remettre en cause tout le processus», a répondu dans Jornal de Angola le secrétaire de l'information du MPLA. «C'est un vote pour la paix, la stabilité, la réconciliation et la reconstruction de l'Angola», a-t-il souligné.

Ce pays, premier producteur de pétrole en Afrique à égalité avec le Nigeria, a organisé le premier scrutin depuis la fin d'une guerre civile de 27 ans. Il s'agissait des premières élections depuis un processus avorté en 1992 lors d'une trêve entre le MPLA et l'Unita. Une présidentielle est prévue l'année prochaine.