La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice est arrivée samedi à Alger en provenance de Tunis, et s'entretenait dans l'après-midi avec le président Abdelaziz Bouteflika notamment sur la lutte contre le terrorisme et le Sahara occidental.

La radio nationale algérienne avait auparavant précisé que les liens économiques entre les deux pays, dont les échanges commerciaux se montent à 20 milliards de dollars, devaient également être abordés.

Cette visite de Mme Rice en Algérie entre dans le cadre d'une tournée qui l'a menée, après une brève escale au Portugal, en Libye puis en Tunisie et qu'elle terminera au Maroc.

A Tunis, elle a pressé le gouvernement tunisien d'accélérer ses réformes politiques et évoqué la menace terroriste dans la région.

«Nous sommes de bons amis et nous pouvons (à ce titre) avoir de très bonnes et intenses discussions sur des questions de politique interne et externe», a-t-elle affirmé après un entretien avec le président Zine El Abidine Ben Ali à son palais de Carthage.

«Il y a eu des réformes politiques», a-t-elle ensuite précisé à quelques journalistes dans l'avion la conduisant de Tunis à Alger.

«Nous avons très clairement fait savoir que nous aimerions que la Tunisie en fasse davantage», a précisé Mme Rice en indiquant avoir eu avec le président tunisien une «discussion très bonne et intense» sur la liberté de la presse, la libéralisation de l'internet, l'accès de l'opposition à la télévision.

Washington a souvent poussé la Tunisie vers plus de réformes démocratiques en mettant en avant les réalisations socio-économiques du pays, ainsi que son «rôle-clé» dans la lutte contre l'islamisme radical et la menace terroriste.

Mme Rice n'a pas dérogé à la règle. «Je tiens à souligner que j'ai parlé du rôle extraordinaire joué par les femmes en Tunisie. Les femmes ont accompli un grand progrès ici», a-t-elle noté, en allusion au statut social libéral et aux lois émancipatrices dont jouissent les Tunisiennes depuis 1957.

La rencontre de Mme Rice avec M. Ben Ali intervient après son investiture fin juillet pour un 5e mandat de cinq ans à la présidence aux élections de 2009 en Tunisie. Une partie de son opposition réclame plus de réformes et revendique une alternance au pouvoir.

La secrétaire d'Etat américaine a en outre fait part à M. Ben Ali des entretiens qu'elle avait eus la veille avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, lors d'une rencontre sans précédent avec un ancien paria aux yeux de Washington.

Les Etats-Unis ont reconnu à la Tunisie un rôle positif auprès du dirigeant libyen pour l'amener à une politique modérée et conciliante avec l'Occident.

Mme Rice a dit avoir «évidemment» examiné avec M. Ben Ali l'état des lieux dans la région en matière de sécurité et de lutte antiterroriste.

Cette tournée intervient dans un contexte de menace terroriste contre la secrétaire d'Etat américaine, qu'un jihadiste a appelé à assassiner durant son périple au Maghreb, et des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises à Alger.

Condoleezza Rice a aussi évoqué avec M. Ben Ali la situation en Mauritanie, dont le président a été renversé en août par un coup d'Etat militaire.

La Mauritanie est membre de l'Union du Maghreb arabe (UMA) avec l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie, mais Nouakchott est exclue du périple de Mme Rice, Washington ayant condamné le putsch contre le président élu.

Selon son entourage, Mme Rice devait aussi évoquer les cas de dix Tunisiens toujours détenus à Guantanamo. Deux anciens détenus ont été livrés et condamnés l'an dernier en Tunisie, dix autres se trouvent encore à Guantanamo.