La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a achevé une visite historique en Libye où elle a rencontré le leader libyen Mouammar Kadhafi et ouvert un nouveau chapitre entre les deux anciens ennemis. .

Elle a relevé qu'ils avaient décidé «d'aller de l'avant d'une façon positive».

«Après des années et des années, c'est une bonne chose que la Libye et nous ayons trouvé une manière de progresser», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse finale, notant que Tripoli avait fait «des choix stratégiques».

Avec cette première visite en Libye d'un chef de diplomatie américaine depuis 55 ans, Mme Rice souhaitait marquer de façon spectaculaire un rare succès diplomatique de l'administration Bush et montrer à la Corée du Nord et l'Iran les bénéfices d'un renoncement aux armes de destruction massive, une décision prise par la Libye en 2003.

La rencontre avec le dirigeant libyen a eu lieu dans un salon d'apparat de sa résidence à Tripoli, Bab al Azizia, un complexe où sa fille adoptive avait été tuée dans un bombardement américain en 1986 sous l'administration du président Ronald Reagan, en représailles à un attentat anti-américain.

Mme Rice s'était auparavant entretenue avec son homologue Abdel Rahman

Chalgham.

Il a qualifié la visite de la secrétaire d'Etat de «très importante» et estimé que «l'heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Libye était révolue».

Mais il a reconnu lors de la conférence de presse commune avec Mme Rice que des divergences susbistaient sur les droits de l'homme et a affirmé que son pays rejetait les «pressions et leçons» de quiconque en la matière.

La rencontre avec le colonel Kadhafi a commencé avec du retard et la visite de Mme Rice s'est prolongée jusqu'aux premières heures de samedi, durant plus longtemps que prévu.

Portant une tenue blanche et une écharpe au motif africain, le dirigeant libyen a serré la main des membres de l'importante délégation américaine mais a salué Mme Rice la main sur le coeur.

Après des entretiens élargis, la chef de la diplomatie américaine a eu un tête-à-tête avec le leader libyen pour un dîner d'Iftar, qui marque la rupture du jeûne du Ramadan.

«C'est un moment historique», avait déclaré Mme Rice vendredi. «Très franchement, je n'avais jamais pensé que je me rendrais en visite en Libye, c'est vraiment quelque chose».

Rompues en 1981 en raison du soutien présumé de la Libye au terrorisme, les relations entre Washington et Tripoli n'ont été rétablies qu'en 2004, après l'annonce par M. Kadhafi que son pays renonçait à l'arme atomique.

«C'est un début, une ouverture, ce n'est pas la fin de l'histoire», a-t-elle ajouté. «Il y a un long chemin à parcourir. Mais je pense que (cette visite) a démontré que les États-Unis n'ont pas d'ennemis permanents et que lorsque des pays sont prêts à faire des changements stratégiques d'orientation, les États-Unis sont prêts à

répondre».

La visite de Mme Rice a aussi été rendue possible par la signature le mois dernier d'un accord sur l'indemnisation des victimes américaines et libyennes du conflit entre les deux pays dans les années 1980.

Interrogé lors de la conférence de presse sur un opposant politique, Fathi al-Jahmi, M. Chalgham a répliqué que son pays «n'a besoin de recevoir de leçons et pression de personne».

Il a précisé que M. Jahmi, 66 ans, avait été jugé et condamné par la justice. Malade, il se trouve actuellement soigné dans une clinique privée, a-t-il dit, estimant que «les principes des droits de l'homme différent entre la Libye et les Etats-Unis».

Mme Rice a de son côté estimé qu'«il était important d'avoir un dialogue, y compris sur les droits de l'homme».

Après la Libye, elle est arrivée dans la nuit de vendredi à samedi en Tunisie, deuxième étape de sa tournée maghrébine qui la conduira également en Algérie et au Maroc.