La confusion régnait vendredi dans les bureaux de vote de Luanda, où s'est ouvert comme dans le reste de l'Angola un scrutin législatif historique, le premier depuis la fin de la guerre civile en 2002.

Les observateurs de l'Union européenne (UE) dénonçaient le «chaos» créé par l'absence de listes électorales et le retard pris dans l'installation du matériel, tandis que ceux du Parlement pan-africain (PAP) notaient des «problèmes de coordination».

Dans le quartier populaire de Samba, proche de l'aéroport, l'AFP a vu des agents électoraux se battre pour s'approprier les quelques chaises et tables disponibles, tandis que les tentes abritant les bureau de vote n'avaient toujours pas été montées trois heures après l'ouverture du scrutin.

Cette «confusao» (confusion) typique de la tentaculaire capitale, où cinq à sept des 16 millions d'Angolais ont trouvé refuge face aux dévastations de la guerre civile, ne semblaient toutefois pas affecter les provinces dépeuplées de l'immense pays.

«Nos équipes dans différentes régions indiquent que les opérations de vote se déroulent comme prévu», a indiqué à l'AFP l'observateur tchadien Mussa Idriss Ndele.

Dans la capitale en revanche, où sont inscrits 21% des huit millions d'électeurs, «c'est un désastre», a noté l'eurodéputée italienne Luisa Morgantini. «Ils n'ont commencé à se préparer qu'à 06H00 ce (vendredi) matin (...) C'est un chaos total. Ils n'ont pas les listes d'émargement des électeurs, les gens ne savent pas quoi faire».

Dans le quartier du palais présidentiel de Cidade Alta, dont les bâtiments colonialistes portugais surplombent la baie de Luanda, le président Jose Eduardo Dos Santos a voté quant à lui en toute sérénité.

Le chef de l'État, 66 ans dont 29 au pouvoir, a été le premier à déposer son bulletin dans l'urne, accompagné de son épouse Ana Paola, faisant patienter plusieurs centaines d'électeurs.

La victoire de son parti, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA, marxiste) qui dirige l'ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1975, paraissait acquise.

Le MPLA a largement dominé une campagne par ailleurs paisible, utilisant sans vergogne les médias d'État qui ont consacré une couverture quotidienne aux activités du président. Ce dernier a multiplié les inaugurations liées à la reconstruction d'un pays dévasté par 27 années de guerre.

S'il loue la tenue des élections, qu'il qualifie de «victoire en soi», le leader de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita, opposition) Isaias Samakuva ne se berce d'ailleurs pas d'illusion. «Le résultat de cette élection ne sera pas équitable», a-t-il affirmé jeudi soir à l'AFP.

Ces législatives ont valeur de test pour M. dos Santos avant un scrutin présidentiel annoncée pour l'année prochaine.

Les deux tiers des Angolais vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ce pays riche en diamants, qui dispute au Nigeria la place de premier producteur de pétrole du continent et enregistre en 2008 une croissance de plus de 20%.

La principale inconnue réside dans le vote des immenses bidonvilles de Luanda, dont 90% de la population vit dans une misère sordide côtoyant l'opulence de l'élite.

En 1992, les rebelles de l'Unita avaient rejeté les résultats d'élections organisées lors d'une trêve dans la guerre civile. Il a fallu la mort en 2002 de Jonas Savimbi, le chef du mouvement longtemps soutenu par l'Afrique du Sud de l'apartheid, pour que prenne fin le conflit. Plus de 500 000 personnes y ont perdu la vie.