La publication jeudi par l'hebdomadaire Paris Match d'un reportage sur le commando taliban qui a tué dix soldats français le 18 août a provoqué une salve de critiques en France, le père d'un des soldats parlant de «photos abjectes».

Dans ce reportage les talibans menacent de tuer «tous» les soldats français s'ils restent en Afghanistan. Des photos montrent des membres du commando arborant des armes prises sur les soldats tués et l'un d'eux porte un uniforme français quasi-complet.

«C'est abject. Cela fait beaucoup de mal de voir ces assassins (...) de les voir parader avec les vêtements des enfants qu'ils ont tués», a déclaré à l'AFP Joël Le Pahun dont le fils Julien est mort alors qu'il allait avoir vingt ans.

Il a espéré toutefois que la publication de ces images amène «un mal pour un bien, que les Français prennent conscience du risque que les talibans peuvent engendrer».

L'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit a aussi dénoncé de son côté «un côté abject» du reportage.

«C'est toujours la même chose : le choc des photos, le poids de mots. Ca a toujours été Paris-Match, c'est pas maintenant qu'on découvre qu'il y a tout un côté abject dans le voyeurisme de Paris Match», a déclaré le député.

L'auteure des photos, Véronique De Viguerie, a souligné à l'adresse des familles qu'elle ne voulait «absolument pas paraître sans coeur, ou sans sentiment par rapport à leur peine».

«Mais je pense juste avoir fait mon travail et j'espère que ça ne heurtera personne», s'est-elle défendue mercredi sur la radio Europe 1.

Interrogé jeudi sur le reportage, le ministre de la Défense Hervé Morin a estimé que «c'est une guerre de la communication que mènent les talibans par ce genre d'opérations».

«Ils ont compris que l'opinion publique occidentale était probablement le talon d'Achille de la communauté internationale présente en Afghanistan».

«Derrière tout cela, il y a une donnée fondamentale, c'est que les talibans savent que la supériorité de l'OTAN et de la communauté internationale est manifeste» et que «leur victoire peut être une victoire à travers la faiblesse de l'opinion publique des démocraties occidentales», a ajouté le ministre.