Des milliers de maisons endommagées et privées de courant. Tout cela, c'est de la petite bière pour Tony Tranchina. L'homme de 49 ans n'avait pas d'abri lorsque Gustav a foncé sur Baton Rouge. Justement, c'est un sans-abri.

Lundi matin, les premiers bras de la tempête ont amené des averses torrentielles sur la capitale, où il s'était monté un petit camp de fortune avec son ami Joseph Bellis. Pendant que la pluie s'abattait sur le terrain vague situé derrière un centre commercial, les deux hommes sont sortis pour voir le visage de l'ouragan. C'est alors qu'un coup de vent a emporté leur tente, les quelques dollars qu'ils avaient accumulés et la nourriture de leur chienne Wilma. «J'ai encore de la chance, affirme Tony Tranchina, rencontré par La Presse devant une station-service. Le propriétaire du commerce est passé. Comme il n'y a pas d'électricité, il a sorti tous les popsicles et les sandwiches à la crème glacée. Au moins, j'ai de quoi manger», a-t-il dit.

Sur son chandail vert fluorescent, il y avait une immense tache de crème glacée blanche. Par terre, six popsicles fondaient dans la chaleur moite de la Louisiane.

Hier matin, les autorités municipales ont fait savoir qu'elles ouvriraient cinq refuges où la population pourrait trouver des lits, de la nourriture et de l'eau. Mais les deux compagnons n'avaient pas l'intention de s'y rendre. Leur chienne Wilma, comme les autres animaux domestiques, n'est pas admise dans ces abris. «Où est la FIMA (l'organisme fédéral qui gère l'aide aux sinistrés)? Où est la Croix-Rouge?» demande Joseph Bellis.

Pendant qu'une forte pluie continuait de s'abattre sur Baton Rouge (15 cm dans la seule journée d'hier), les deux hommes ignoraient où ils allaient passer la nuit. «J'ai des vêtements et mes souliers sont en bon état, affirme Tony Tranchina. J'ai tout ce qu'il me faut, alors je ne vais pas commencer à stresser.»