Sarah Palin, la colistière de John McCain, le candidat républicain à la Maison Blanche, a attaqué de front et sans ménagement mercredi soir le démocrate Barack Obama laissant présager deux mois de rudes affrontements d'ici la présidentielle du 4 novembre.

«Voici un homme (Obama, ndlr) qui a écrit deux mémoires mais n'a pas rédigé une seule loi ou présenté une seule réforme, même pas quand il était parlementaire du parlement local de l'Illinois», a dit Mme Palin devant la convention républicaine de St Paul (Minnesota, nord).

«Voici un homme qui peut délivrer un discours entier sur les guerres menées par l'Amérique et ne jamais utiliser le mot victoire... excepté quand il parle de sa campagne», a ajouté Mme Palin.

«En politique, il y a des candidats qui utilisent le changement pour promouvoir leur carrière. Et il y en a d'autres, comme John McCain, qui utilisent leur carrière pour promouvoir le changement», a dit Mme Palin, follement ovationnée par les délégués républicains.

À la fin de son intervention, alors que Mme Palin avait été rejointe sur scène par toute sa famille, John McCain a fait une apparition surprise sur la scène du Xcel Center. «Quelle belle famille», s'est exclamé le sénateur de l'Arizona.

Au début de son discours qui a duré une trentaine de minutes Mme Palin a assuré qu'elle accepterait le poste de candidate à la vice-présidence, s'attirant une nouvelle salve d'applaudissements.

Mme Palin a affirmé qu'elle n'irait pas à Washington pour rechercher l'approbation des médias mais «pour servir le peuple de ce pays».

Mme Palin a pris soin également de mettre en valeur son expérience de maire et de gouverneure. Elle a accusé ses adversaires de vouloir «dénigrer» son travail d'élue. «Je suppose qu'être maire d'une petite ville ressemble à la fonction de travailleur social... sauf que vous avez de vraies responsabilités», a dit Mme Palin, visant encore une fois M. Obama qui a été travailleur social dans un quartier déshérité de Chicago, avant de se lancer en politique.

Les délégués républicains, remontés à bloc par le discours musclé de l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani qui est intervenu juste avant Mme Palin, ont interrompu plusieurs fois son discours. Dans les tribunes se trouvait sa famille dont sa fille Bristol, âgée de 17 ans et enceinte, son mari et son bébé de 5 mois, atteint de trisomie.

M. McCain devait être officiellement désigné candidat par acclamation, après le discours de Mme Palin. Au-delà des délégués républicains, c'est une nation entière que Mme Palin devait s'efforcer de convaincre à seulement 63 jours de l'élection présidentielle du 4 novembre.

Dans son discours, Mme Palin a également plaidé pour davantage de forages pétroliers et gaziers. «Nos adversaires répètent, encore et encore, que les forages ne résoudront pas tous nos problèmes énergétiques... comme si nous ne le savions pas déjà. Mais le fait que les forages ne résoudront pas nos problèmes, ce n'est pas une excuse pour ne rien faire», a-t-elle dit.

Alors que M. McCain est opposé aux forages pétroliers dans la réserve naturelle arctique (Arctic National Wildlife Refuge), Mme Palin en est une farouche avocate.

La gouverneure de l'Alaska a promis la construction «de davantage d'oléoducs, de davantage de centrales nucléaires» en cas d'élection du ticket républicain en novembre. Elle a également évoqué le développement des énergies renouvelables sans donner de détails précis.

Interrogé en début de soirée sur la chaîne ABC News, John McCain a estimé que si l'on comparait le bilan de sa colistière à celui de Barack Obama, l'oeuvre du candidat démocrate, qui «ne sait pas comment fonctionne le monde», était «très maigre».

M. Obama «a eu tort sur l'Irak. Il mésestime l'Iran. Il n'a ni connaissance, ni expérience, ni jugement. Il ne sait pas comment fonctionne le monde, ni comment fonctionne l'armée», a dit M. McCain.

De nouveaux sondages publiés mercredi accordent une large avance au candidat démocrate Barack Obama dans les Etats clefs de l'Iowa (centre) et du Minnesota. M. Obama est également crédité d'une légère avance dans l'Ohio (nord).

La convention républicaine a par ailleurs commencé mercredi vers 22h30 locales (23h30 HAE jeudi) le vote, État par État, pour désigner John McCain candidat du parti à la Maison Blanche.

Pour être désigné candidat, il faut recueillir au moins 1.191 voix, mais l'élection de M. McCain ne fait aucun doute.