Les talibans ont promis de tuer l'ensemble des troupes françaises déployées en Afghanistan après la mort de 10 de leurs soldats dans une embuscade le 18 août, au moment où Paris veut renforcer son dispositif militaire dans ce pays de plus en plus instable.

«Tant que vous resterez chez nous, nous vous tuerons. Tous», a lancé le «commandant Farouki», chef militaire taliban déniché par des reporters de Paris-Match avec 27 de ses hommes quelque part dans la province de Laghman, entre Kaboul et les zones tribales pakistanaises.

«Ces menaces n'entament aucunement ma détermination, ni celle de mes hommes», a assuré à RTL le colonel Jacques Aragonès, à la tête des 700 soldats français déployés en renfort dans la province de Kapisa (est), affirmant n'avoir «rien à répondre» à des talibans passés maîtres, selon lui, en «opérations de propagande».

Après avoir fait parler les armes, les talibans jouent sur l'image et les symboles. Les photos de Paris-Match à paraître jeudi montrent en particulier deux combattants islamistes arborant des Famas, le fusil d'assaut des forces françaises pris aux soldats tombés dans l'embuscade.

L'un d'eux porte un uniforme français quasi-complet : casque lourd, gilet pare-éclats, Famas surmonté de sa lunette de tir. Comme par défi, il arbore jusqu'au masque de protection dont ont été spécialement dotées les forces françaises en Afghanistan pour se protéger des éclats.

Le commando afghan a pris soin de signer son embuscade. Il a remis aux journalistes de Paris-Match une prise de guerre : la montre d'un soldat tué afin qu'elle soit restituée à ses proches.

Ils «tenaient à remettre cet objet pour montrer qu'ils étaient de bonne volonté vis-à-vis de nous, à condition que les (soldats) français s'en aillent (d'Afghanistan) d'ici à la fin du ramadan», a expliqué à Europe 1 la photographe de Paris-Match, Véronique de Viguerie. L'actuel ramadan prend fin le 2 octobre en Afghanistan.

D'ici là, le Parlement français - Assemblée nationale et Sénat - se sera réuni pour la première fois depuis 1991 et la guerre du Golfe afin de se prononcer sur la poursuite de l'engagement français en Afghanistan.

À cette occasion, le Premier ministre François Fillon devrait annoncer des «aménagements» du dispositif militaire de quelque 3000 soldats français présents en Afghanistan, indique-t-on de sources proches du dossier. Il devrait aussi réaffirmer le credo français, mais aussi de l'Otan, d'opérations militaires conjuguées à des actions de reconstruction.

Le chef d'état-major des armées françaises, le général Jean-Louis Georgelin, est arrivé mercredi sur le «théâtre des opérations» pour déterminer précisément les besoins. Et plusieurs conseils restreints se réuniront autour du chef de l'Etat et des armées, Nicolas Sarkozy, à l'Elysée.

Trois jours après l'embuscade meurtrière tendue par les talibans, le ministre de la Défense français, Hervé Morin, indiquait déjà que Paris devait accroître sa «capacité de reconnaissance et renseignement» en Afghanistan, évoquant notamment les drones (avions sans pilote).

Mais il pourrait aussi s'agir d'un ou plusieurs hélicoptères (Caracal, Super Puma, Cougar...) ou d'un retour des forces spéciales, hypothèse également avancée par le ministre.