Huit jours après l'ouragan dévastateur Gustav, et deux semaines après la tempête meurtrière Fay, Haïti a été à nouveau frappé de plein fouet par le passage de l'ouragan Hanna, qui a fait au moins 38 morts, selon des estimations publiées mercredi.

Le plus lourd tribut est porté par la population des Gonaïves, une ville de 300 000 habitants située dans le nord-ouest d'Haïti, qui a été totalement inondée dans le sillage de l'ouragan lundi.

«Dix-huit personnes sont mortes dans le département de l'Artibonite (nord), particulièrement dans la ville des Gonaïves, complètement inondée», a indiqué Alta Jean-Baptiste, directrice de la protection civile.

Onze autres personnes sont décédées dans le sud d'Haïti, huit dans le département de l'Ouest et une autre dans le département des Nippes.

«Ce n'est qu'un bilan très partiel, compte tenu de la situation aux Gonaïves toujours sous les eaux», a précisé la responsable de la protection civile.

Au moins 25 000 personnes ont été accueillies dans des abris provisoires des Gonaïves, situées à 152 km au nord de Port-au-Prince. Des vivres et des médicaments ont été acheminés pour venir au secours de milliers de personnes bloquées depuis trois jours sur les toits des maisons, selon la protection civile.

«Il faut faire quelque chose vite», a imploré un prêtre coincé au second étage de l'Evêché. «Je ne sais pas combien de temps nous resterons vivants. Si on doit passer une nouvelle nuit dans ces conditions, il n'y aura pas beaucoup de survivants», a déclaré le père Germain Michelet à l'AFP.

La Mission de l'ONU pour la stabilisation en Haïti (Minustah) a conduit plusieurs opérations de secours en hélicoptère sur la ville permettant de sauver des vies.

«Nous avons pu récupérer une vingtaine de personnes qui étaient coincées sur les toits des maisons. Neuf blessés ont été conduits à Port-au-Prince pour être soignés», a déclaré à l'AFP la porte-parole de la mission onusienne, Sophie Boutaud de la Combe.

Le principal hôpital de Gonaïves est inondé, selon un médecin. «Les malades sont regroupés dans une seule salle. La situation est critique», a-t-il déploré sur Radio Vision 2000 à Port-au-Prince.

Le programme alimentaire mondial (PAM), présent en Haïti, a affrété un bateau pour acheminer 50 tonnes de nourriture sur place.

D'autres villes d'Haïti ont été également balayées par Hanna, causant de nombreux dégâts. Des centaines de maisons ont été détruites, des ponts se sont effondrés et des routes ont été coupées, isolant certaines régions.

Le président haïtien René Préval avait exprimé sa «douleur» mardi soir et appelé à l'aide de la communauté internationale.

Traumatisés par le souvenir de la tempête tropicale Jeanne, qui avaient fait 3.000 morts aux Gonaïves il y a quatre ans, les habitants craignent une réédition de cet événement meurtrier.

Cette saison, Haïti a déjà subi un très lourd tribut avec l'ouragan Gustav, qui a fait 77 morts il y a huit jours, et la tempête tropicale Fay, qui a fait une quarantaine de victimes il y a deux semaines.

Hanna était un ouragan de catégorie 1 lors de son passage en Haïti, pays déshérité où 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Il a été rétrogradé en tempête tropicale mardi matin en se dirigeant vers les Bahamas, où il menaçait de se transformer de nouveau en ouragan d'ici jeudi, avant d'atteindre les côtes américaines samedi, selon le Centre national des ouragans (NHC), basé à Miami (Etats-Unis).