Quatorze immigrants clandestins africains sont morts lors d'une traversée difficile qui s'est achevée mercredi sur les côtes de l'archipel espagnol des Canaries lors d'un nouveau drame de l'immigration clandestine.

«Le cayuco (embarcation de pêche africaine) a été repéré ce matin par une patrouille de la garde civile. Il y a treize morts et 46 survivants, apparemment subsahariens» à bord, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la sous-préfecture de Gran Canaria, une des plus grande îles de l'archipel.

Quelques heures plus tard, le corps d'un autre africain a été localisé en mer non loin de la zone où a été repéré le bateau, vers 7h42 locales (2h42 HAE).

«Tout indique» que ce corps est celui d'une personne qui avait pris place à bord du bateau, a déclaré à l'AFP cette source.

Selon un responsable des secours, les témoignages sont encore confus en raison de l'état physique des survivants, mais il semblerait que les candidats à l'immigration ont eu à pâtir d'une traversée «difficile (...) avec entre huit et douze jours de navigation».

«Ils se sont perdus plusieurs fois, ont subi des avaries de moteur et ont passé beaucoup de temps à la dérive (...) beaucoup sont morts d'hypothermie», a expliqué le chef de la Croix-Rouge à Las Palmas, José Antonio Corujo, sur la radio espagnole.

Sur les 46 clandestins, 32 étaient en fin de matinée au commissariat pour identification, quatre étaient hospitalisés et 10 étaient traités sur place par la croix-rouge, a déclaré la sous-préfecture.

Les arrivées de clandestins africains se multiplient depuis environ trois mois sur l'archipel des Canaries et sur les côtes sud de l'Espagne. Ces traversées périlleuses sur des embarcations de fortune se transforment souvent en drame.

Il n'existe pas de statistiques fiables sur le nombre de morts, qui doit souvent s'appuyer sur les témoignages des survivants qui se sont débarrassés des corps pendant la traversée.

Pour le seul archipel des Canaries, 37 cadavres ont été récupérés dans des embarcations, selon la préfecture.

Au début de juillet, quatre cadavres ont été découverts à bord d'une embarcation transportant 55 personnes très affaiblies sur l'île de La Gomera, aux Canaries. Deux d'entre elles étaient décédées peu après.

Peu avant, une trentaine d'immigrants africains, dont neuf enfants en bas âge voyageant avec leur mère, étaient morts en Méditerranée à cause du mauvais temps alors qu'ils tentaient de gagner la Costa del Sol depuis le Maroc.

Fin août, une vingtaine de clandestins seraient morts en mer à bord d'une embarcation en Méditerranée, selon les témoignages de rescapés.

Les systèmes sophistiqués de détection et de surveillance des bateaux d'immigrés mis en place par l'Espagne et l'Union européenne, paraissent impuissants à éviter ces drames, même s'ils ont permis de réduire considérablement le flux de clandestins après un pic enregistré en 2006.

Au total, 921 candidats à l'immigration seraient morts en tentant la traversée vers l'Espagne en 2007, selon l'organisation andalouse de défense des droits de l'homme APDH-A.

Le 10 juillet, quelques heures après l'annonce d'un de ces drames, le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero avait exhorté les pays riches à aider l'Afrique.

«Nous sommes dans une situation alarmante. Ou nous aidons l'Afrique à lutter contre l'extrême pauvreté, ou notre État social sera en danger», avait-il déclaré.