L'Ukraine était plongée mercredi dans une nouvelle crise politique après que le parti du président Viktor Iouchtchenko a annoncé son retrait de la coalition pro-occidentale qu'il forme avec le bloc du premier ministre Ioulia Timochenko, en raison d'une énième dispute.

La décision de retrait a été votée par 39 des 72 députés du parti Notre Ukraine-Autodéfense populaire, ont indiqué des membres de ce groupe parlementaire.

Alors que le chef de l'État devait faire une déclaration télévisée à ce sujet à 5h00 HAE, une annonce officielle du retrait était attendue mercredi au Parlement. La décision entrera en vigueur dix jours plus tard si elle n'est pas révoquée pendant cette période, a précisé le député Oles Doniy.

Le parti de Viktor Iouchtchenko a pris cette décision en réponse à l'adoption mardi soir d'une série de lois facilitant la procédure de la destitution du président et affaiblissant les pouvoirs de ce dernier au profit de ceux du gouvernement, votés par le bloc Timochenko et l'opposition pro-russe.

Autre signe de scission, les pro-occidentaux ont échoué à adopter une résolution conjointe sur le conflit armé entre la Géorgie et la Russie voisine.

«De facto, le Parti des régions (principale force pro-russe) et le bloc Timochenko ont déjà créé une nouvelle coalition», a constaté un député pro-présidentiel, Iouri Kostenko, dans un communiqué.

Ce vote a été dénoncé par le parti présidentiel qui a quitté l'hémicycle en signe de protestation. Une partie de ses députés, considérés comme proches de Mme Timochenko, a toutefois critiqué le retrait.

Si les pro-occidentaux ne se réconcilient pas et la décision sur le retrait entre en vigueur, les parlementaires ont encore 30 jours pour enregistrer formellement une autre coalition gouvernementale. Mais si ce délai n'est pas respecté, le président obtient le droit de dissoudre le Parlement, a précisé M. Doniy, cité par Interfax.

Selon des observateurs, la chute de la coalition pro-occidentale ne signifie pas forcément un changement de gouvernement, faute de majorité stable, nécessaire pour renvoyer le cabinet actuel et nommer ses remplaçants.

Mme Timochenko a déjà maintes fois exclu toute coalition formelle avec le Parti des régions.

Son bloc a assuré mercredi ne voir aucune autre alliance que celle des pro-occidentaux, ajoutant que l'adoption des lois controversées était «nécessaire» pour le pays et ne relevait point de «trahison», selon Interfax.

De son côté, un député du Parti des régions, Taras Tchornovil, a indiqué que les votes conjoints de la veille ne signifiait qu'une «trêve provisoire» et non une nouvelle coalition.

Les relations entre le président Iouchtchenko et Mme Timochenko, en poste depuis fin 2007, allaient de mal en pis ces derniers temps, alors que les deux responsables devraient s'affronter à la prochaine présidentielle attendue fin 2009 ou début 2010.

Et si la popularité de M. Iouchtchenko a chuté depuis son élection, celle de sa rivale s'est renforcée.

M. Iouchtchenko et Mme Timochenko étaient alliés au moment de la «révolution orange» pro-occidentale de fin 2004 qui les porta au pouvoir, le premier comme chef de l'État, la seconde comme premier ministre.

En septembre 2005, M. Iouchtchenko a limogé Mme Timochenko sur fond de rivalités personnelles et luttes d'influence.

Fin 2007, Mme Timochenko est redevenue chef du gouvernement, son parti et celui du président ayant remporté de justesse les législatives face à l'opposition pro-russe.