Un magnat de l'immobilier et fidèle du parti au pouvoir en Égypte, Hicham Talaat Moustafa, a été arrêté et inculpé mardi pour avoir commandité le meurtre brutal d'une chanteuse libanaise à Dubaï, a rapporté l'agence officielle égyptienne Mena.

M. Moustafa, un pilier du Parti national démocrate, est accusé d'avoir donné l'ordre et payé un autre Égyptien, Mohsen al-Soukkari, pour tuer Suzanne Tamim, a déclaré le procureur général égyptien Abdel Méguid Mahmoud dans un communiqué reproduit par Mena.

La chanteuse agée de 30 ans avait été retrouvée morte le 28 juillet dans son appartement à Dubaï, aux Émirats arabes unis, atteinte de plusieurs coups de couteau. Elle aurait été décapitée, selon des informations de presse.

M. Moustafa, également membre du Conseil consultatif (la deuxième chambre du Parlement ou Sénat), dirige la société d'immobilier Talaat Mustafa Group d'une valeur de plusieurs milliards de dollars.

Selon une source judiciaire, MM. Moustafa, né en 1959, ainsi que Soukkari ont été arrêtés et resteront en garde à vue en attendant leur procès. Les standardistes à la compagnie Talaat Mustafa Group ont raccroché lorsqu'on les a interrogés sur cette affaire.

La vie de Suzanne Tamim, qui s'est faite connaître après avoir gagné un concours de jeunes talents en 1996, avait été marquée par une série de disputes conjugales et son second époux avait été jusqu'à l'accuser en 2004 d'avoir été derrière une tentative de le tuer.

M. Moustafa aurait payé deux millions de dollars à Mohsen al-Soukkari, un policier à la retraite qui travaillait pour des compagnies de sécurité. Soukkari s'est rendu à Dubaï et a surveillé l'appartement de Tamim. Il a ensuite acheté un couteau, s'est rendu dans son appartement en se présentant comme un employé de l'immeuble. Il a poignardé à mort la chanteuse quand elle avait ouvert la porte, a précisé le procureur.

Selon les médias égyptiens, Tamim avait eu une relation intime avec M. Moustafa durant trois ans et qui s'est terminée il y a plusieurs mois. La chanteuse a alors quitté l'Égypte pour Londres, avant de s'installer à Dubaï.

En août, le quotidien égyptien indépendant Al-Dostour, qui s'interrogeait sur l'implication d'une «personnalité» égyptienne dans le meurtre de Tamim, avait été retiré des kiosques. D'après d'Al-Dostour, un ancien officier de police égyptien ainsi que deux chargés de la sécurité d'un hôtel avaient avoué avoir tué la chanteuse à la demande d'un client égyptien.

L'identité de la «personnalité» égyptienne n'avait pas été précisée par le quotidien, qui la qualifiait cependant de «très influente» et «proche du pouvoir».

À Dubaï, la police avait annoncé que le meurtrier présumé de Suzanne Tamim, un ressortissant arabe de 39 ans, avait été arrêté «dans un pays arabe». La chaîne satellitaire Al-Arabiya avait évoqué l'Égypte.

Le procureur, Abdel Méguid Mahmoud, avait interdit à l'époque aux médias égyptiens d'évoquer l'enquête sur le meurtre de la chanteuse.