Dans La Nouvelle-Orléans déserte, des volontaires ont choisi de rester malgré l'ouragan Gustav: les médecins et infirmières de l'hôpital des enfants de la ville, qui veillent sur les bébés prématurés ou les petits malades intransportables.

«Nous sommes comme un navire au milieu de la tempête!», s'exclame Brian Landry, responsable des relations publiques du Children's Hospital, situé près du zoo de la ville.

«Nous avons tout à bord et nous continuons de travailler», poursuit-il tandis que soufflaient lundi des vents d'une rare violence et que s'abattaient sur la ville des pluies diluviennes.

Il y a trois ans, au moment du passage meurtrier de l'ouragan Katrina, «nous n'avions même pas d'eau pour l'ensemble de l'établissement, nous ne pouvions pas continuer à fonctionner et nous avions dû fermer pour la première fois depuis cinquante ans», ajoute le responsable.

Mère d'un bébé de 13 jours opéré le 26 août à coeur ouvert, Chandelle Rougeou semble avoir toute confiance dans la sûreté de l'hôpital face aux dangers de Gustav: «le bébé va bien, il est au chaud. Mais c'est vrai que j'ai sacrément peur de l'ouragan».

Sa minuscule petite fille est reliée à une toute une série d'appareils complexes, elle est intubée et ses parents ne la quittent pas des yeux.

«C'est le lieu le plus sûr où nous pouvions rester, nous ne pouvions pas partir ailleurs», confie à l'AFP la maman, serrée contre son mari, Hunter.

Cela fait dix jours qu'ils sont venus en avion à La Nouvelle-Orléans, depuis une petite ville proche de la frontière texane, pour faire opérer leur bébé dès sa naissance.

Et là, le sort a voulu qu'un redoutable ouragan fonde sur la ville... alors que leur enfant n'était pas transportable. Les responsables de l'hôpital leur ont assuré que le bébé ne risquait pas d'être évacué, comme avaient dû l'être les petits malades pendant l'ouragan Katrina en août 2005.

Des hélicoptères avaient alors transporté la centaine d'enfants hospitalisés vers d'autres établissements répartis dans plusieurs États.

«C'est l'un des endroits les plus sûrs de la ville. Les gens sont calmes et les enfants n'auront pas à souffrir du stress d'une évacuation», renchérit Dawn Kurley, infirmière en chef à l'hôpital. «Il souffrent quand ils quittent un endroit bien chaud et ce n'est pas bon du tout pour leur santé», avertit-elle.

Aujourd'hui, «nous avons des générateurs sûrs, nous avons installé un réservoir de 50.000 gallons de diesel, ce qui permet à l'hôpital de fonctionner sur du courant de secours pendant 28 jours, sans refaire le plein», explique Brian Landry.

Quelque 70 enfants restaient hospitalisés lundi au Children's Hospital, dont 18 dans un état grave. Parmi eux, neuf venaient de subir des interventions chirurgicales importantes et il aurait été impossible d'imaginer les transporter ailleurs sans risque pour leur santé, au milieu des rafales de vent et sous la pluie battante.

«Le stress des enfants est déjà énorme pendant les tempêtes, relève l'infirmière, et encore plus s'ils doivent sortir et monter à bord d'un hélicoptère au milieu d'un ouragan» comme Gustav.