Le Mossad a in extremis annulé en 1960 un plan visant à capturer en Argentine Josef Mengele, le sinistre «Ange de la mort» nazi, a annoncé lundi un ex-responsable du service secret israélien.

«Nous avons repéré Adolf Eichmann à Buenos Aires, et ensuite nous avons découvert que Mengele s'y trouvait aussi», a déclaré à l'AFP le ministre israélien des Retraités, Rafi Eitan.

Josef Mengele, médecin, avait réalisé des expériences particulièrement sadiques sur les prisonniers juifs et gitans d'Auschwitz, et a participé à la sélection de dizaines de milliers de prisonniers pour les chambres à gaz dans ce camp d'extermination durant la Seconde guerre mondiale.

Selon M. Eitan, le Mossad a retrouvé la trace de Mengele alors qu'il traquait Adolf Eichmann, l'un des concepteurs de la «Solution finale» enlevé en mai 1960, puis jugé et exécuté en Israël par pendaison le 31 mai 1962.

Menés par Eitan, aujourd'hui âgé de 82 ans, les agents du Mossad en Argentine avaient photographié Mengele, disposaient de son adresse et avaient établi son identité «sans aucun doute». Ce dernier s'était caché en Amérique latine sous un faux nom après la fin de la guerre.

Quelques jours avant la capture d'Eichmann et son enlèvement secret vers Israël, le chef du Mossad de l'époque, Issar Harel, avait rapidement mis au point un plan visant à enlever également Mengele, a encore dit M. Eitan.

«Je me suis opposé à ce plan en soulignant qu'il risquait de compromettre l'enlèvement d'Eichmann, et que nous ne disposions pas de suffisamment d'éléments pour réaliser celui de Mengele», a-t-il ajouté.

Issar Harel a ensuite décidé que la capture de Mengele serait tentée après l'enlèvement d'Eichmann en Israël, mais y a finalement renoncé.

«Je suis retourné en Argentine, après la capture d'Eichmann, mais Mengele était parti et nous avons perdu sa trace. Nous avons continué à le chercher au Brésil et au Paraguay et sommes même parvenus à le localiser et à le prendre en photo, mais nous n'avons jamais pu mettre la main sur lui», a indiqué M. Eitan.

Mengele est mort en 1979 au Brésil, et son identité a été confirmée par des tests ADN comparés à ceux de son fils en 1992.