L'Espagne a connu sa plus grave catastrophe aérienne depuis 25 ans mercredi quand un avion de la compagnie espagnole Spanair s'est embrasé en sortant de piste lors du décollage à l'aéroport de Madrid, tuant 153 personnes et faisant 19 blessés.

«Le nombre de morts s'élève à 153», a indiqué dans la soirée la ministre des Infrastructures Magdalena Alvarez, précisant qu'il y avait 19 blessés, dont deux n'avaient pas été identifiés.

L'appareil MD 82 assurant le vol JK5022, avec 172 personnes à bord, devait rallier Las Palmas, sur l'archipel des Canaries, dans l'océan Atlantique, une destination touristique trés prisée.

>>> Lisez l'article du quotidien espagnol El Pais

Il transportait 162 passagers, dont 22 enfants (et deux bébés parmi eux) ainsi que 10 membres d'équipage, dont quatre étaient présents comme passagers, a précisé Spanair. Deux enfants font partie des 19 rescapés.

Selon les premières informations, qui restaient à confirmer, un des moteurs de l'avion aurait pris feu au cours du décollage vers 14H45 (08H45 HAE) à l'aéroport de Barajas. L'appareil serait ensuite sorti de la piste et se serait disloqué sous le choc, le feu se propageant à toute la carlingue.

Les secouristes arrivés sur place avec difficulté ont fait état de nombreux corps carbonisés et se sont efforcés d'extraire des survivants de l'épave, dont l'accès était interdit aux médias.

Le vol avait plus d'une heure de retard en raison d'un problème technique, l'avion ayant fait demi-tour après une première tentative de décollage, selon Mme Alvarez.

«Le gouvernement est bouleversé, très touché (..), par cette tragédie», a déclaré à l'aéroport le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, rentré précipitamment de vacances près de Huelva.

Voyez la vidéo du drame diffusée sur YouTube:

La secrétaire d'État à la communication Nieves Goicoechea a précisé qu'il n'y avait «aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'un accident», écartant l'hypothèse d'un acte terroriste.

Selon la radio nationale, les boîtes noires de l'appareil ont été récupérées et mises à la disposition de la justice.

Le vol de Spanair, 2e compagnie aérienne espagnole, filiale de la compagnie scandinave SAS connaissant des difficultés financières, était partagé avec la compagnie allemande Lufthansa.

Cette dernière a déclaré que quatre des passagers enregistrés sur ce vol étaient arrivés à Madrid en correspondance depuis l'Allemagne.

Le ministère suédois des Affaires étrangères a déclaré que deux de ses ressortissants voyageaient sur ce vol.

Spanair a publié mercredi en fin de soirée la liste des passagers sur son site Internet sans préciser leur nationalité. Les médias espagnols faisaient état officieusement de 4 Allemands, 2 suédois, 1 Chilien et 1 Colombienne, qui a survécu.

Des centaines de proches des victimes, angoissés et en pleurs, soutenus psychologiquement par de nombreux specialistes, se sont rendus dans l'après-midi à Barajas et à l'aéroport de Las Palmas dans l'attente de nouvelles sur le sort de leurs proches.

Le roi Juan Carlos et la famille royale devaient visiter les blessés jeudi et rendre hommage aux victimes de cette tragédie qui a bouleversé l'Espagne.

L'appareil avait 15 ans d'âge et avait passé sa dernière révision à la fin 2007, selon Mme Alvarez, début 2008, selon Spanair.

Il s'agit de l'accident d'avion le plus meurtrier en Espagne depuis celui d'un Boeing 747 de la compagnie colombienne Avianca à Madrid en 1983 (180 morts) et de l'accident le plus grave en Europe depuis celui d'un Tupolev russe en 2006 dans l'est de l'Ukraine (170 morts).

La catastrophe la plus meurtrière de l'histoire de l'aviation civile a eu lieu en Espagne, aux Canaries, lorsque deux Boeing 747 se sont percutés sur l'aéroport de Ténérife le 27 mars 1977, faisant 583 morts.

Un deuil de trois jours a été décrété dans la région et la ville de Madrid et une chapelle ardente a été installée au Centre des Congrès de la capitale espagnole où ont été transportés mercredi soir les corps des victimes pour identification. Les recherches se poursuivaient dans la nuit autour de l'épave.