Vétéran de la politique, John McCain, qui sera sacré candidat républicain lors de la convention du parti de lundi à jeudi, aborde en homme aguerri sa vraisemblable dernière grande bataille: la conquête de la Maison-Blanche.

Cheveux blancs et teint pâle, ce vieux routard de la politique a toujours trouvé l'énergie pour revenir sur le devant de la scène.

Né en 1936, il est l'héritier d'une dynastie militaire au service des États-Unis depuis l'Indépendance, au XVIIIe siècle. Héros de la guerre du Vietnam, le matricule «624787» fut prisonnier pendant cinq ans dans les geôles du «Hanoï Hilton», où il subit torture et isolement.

Il en porte encore aujourd'hui les stigmates: une démarche raide, des difficultés pour lever les bras. Son visage est aussi marqué par les séquelles d'un cancer de la peau soigné en 2000, qui lui interdit tout bronzage, en dépit du puissant soleil de l'Arizona (sud-ouest), qu'il représente au Sénat depuis 21 ans.

Il garde parfois de son passé militaire des accents belliqueux, «va-t-en guerre» selon ses détracteurs, qui caractérisent sa manière de faire de la politique.

Le candidat républicain a été l'un des premiers membres de son parti à critiquer la Maison-Blanche pour avoir envahi -avec trop peu de soldats- l'Irak. Il affirme aujourd'hui que l'armée américaine y restera jusqu'à la victoire et même «cent ans s'il le faut», et qu'il préférerait «perdre l'élection que perdre la guerre».

Le conflit russo-géorgien a également mis en lumière sa conception de la diplomatie. L'ex-président Vladimir Poutine? «Un homme dangereux», dit-il. Les ambitions de Moscou? Restaurer «l'empire russe».

Reste que son expérience dans l'armée et sa participation à de nombreuses commissions parlementaires sur la défense et la politique étrangère font de lui un acteur très respecté dans ces domaines.

Homme de convictions plus que d'appareil, il a parfois agi en franc-tireur en tournant le dos aux parlementaires républicains. Ou à George W. Bush lui-même, son rival pendant les primaires de 2000. Aujourd'hui un allié, certes, mais un allié encombrant, que John McCain a soigneusement évité pendant presque toute la campagne. Tout juste ont-ils échangé une brève poignée de main en mai dernier à Phoenix (Arizona).

Mais c'est une des raisons pour laquelle John McCain est populaire au-delà de son camp: sa réputation de pouvoir travailler avec des collègues qui ne sont pas de son bord. Ainsi est-il co-auteur avec Edward Kennedy, l'icône de la gauche américaine, d'un projet de loi (sans lendemain) sur l'immigration. C'est aussi un des rares républicains à avoir montré de l'intérêt sur la question du réchauffement climatique.

Sur la plupart des sujets de société, il demeure cependant, comme la colisitère qu'il s'est choisi vendredi, la gouverneure d'Alaska Sarah Palin, un conservateur résolu.

Opposé au droit à l'avortement, parce que «les droits de l'être humain commencent dès la conception», et au mariage des homosexuels, il est également hostile au contrôle des armes à feu.

Père de sept enfants, dont trois adoptés, il est marié en secondes noces à Cindy, riche héritière d'un empire de la distribution de bière et serait en janvier 2009, le président le plus âgé à entrer à la Maison-Blanche. À ceux qui évoquent son âge, il leur répond d'en parler à sa... mère, âgée de 96 ans et en pleine santé.

Mélomane aux goûts écclectiques, du crooner Roy Orbison au jeune chanteur de R'n'B Usher, il expliquait récemment avoir vu au cinéma le dernier Indiana Jones, où Harrison Ford reprend son rôle d'archéologue aventurier: «j'ai vraiment adoré, dit-il. À la fin, le vieux type gagne».