À l'approche des conventions démocrate et républicaine, tous les coups ou presque sont désormais permis comme l'ont démontré lundi les échanges à distance entre le candidat républicain John McCain et le démocrate Barack Obama.

S'exprimant à Orlando, en Floride, devant le congrès des anciens combattants ayant servi sur les terrains d'opérations à l'étranger (VFW), le candidat républicain a dénoncé la versatilité et le manque de jugement de M. Obama sur les questions de sécurité nationale.

En déplacement à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, le candidat démocrate a estimé de son côté que M. McCain n'avait pas fait preuve d'une grande perspicacité en défendant la guerre en Irak qui, selon M. Obama, a détourné les États-Unis de leur principal objectif: la lutte contre Al-Qaeda.

La trêve entre les deux candidats a été de courte durée. Samedi soir, pour la première fois depuis qu'ils sont quasi officiellement les deux candidats de leur parti respectif, MM. McCain et Obama s'étaient retrouvés sur une même scène à l'occasion d'un forum religieux. Les deux candidats s'étaient donnés une accolade et M. Obama avait qualifié son adversaire républicain de «véritable patriote américain».

Lundi, le «patriote américain» a accusé son adversaire démocrate de manquer de jugement. «Bien que la victoire en Irak soit finalement en vue, beaucoup de choses dépendent des décisions et de la qualité de jugement du prochain président», a dit M. McCain au congrès des VFW.

Le candidat républicain a estimé que son adversaire démocrate sacrifiait son jugement à son «ambition présidentielle». Pourtant, a-t-il insisté, «en matière de sécurité nationale, faire preuve d'un bon jugement sera une des qualités essentielles qu'on devra attendre du prochain président».

«Les gains durement acquis par nos soldats sont en jeu. L'avantage à long terme d'avoir un allié pacifique et démocratique au coeur du Moyen-Orient peut encore être dilapidé par un retrait hâtif et un calendrier arbitraire», a ajouté le candidat républicain faisant référence au projet de M. Obama de retirer les soldats américains d'Irak dans un délai de 16 mois.

«La guerre en Afghanistan était nécessaire et nous devions la gagner parce que c'est de ce pays qu'Al-Qaeda a lancé les attaques qui ont tué 3000 Américains», a affirmé de son côté M. Obama. Mais, a-t-il fait remarquer, Al-Qaeda «se trouve toujours» en Afghanistan. «Malheureusement, nous avons été détournés de notre objectif par une guerre en Irak qui n'aurait jamais dû être autorisée et engagée», a-t-il ajouté.

«Aussi, est-il temps pour nous de commencer notre retrait» d'Irak. «C'est une différence fondamentale entre moi et John McCain. Il souhaite une occupation perpétuelle de l'Irak», a dit M. Obama.

M. McCain a affirmé qu'il voulait lui aussi mettre fin à la guerre en Irak et ramener à la maison les troupes américaines. Mais, a-t-il ajouté, «la grande différence (avec M. Obama) est que je veux d'abord gagner» cette guerre.

Le candidat républicain a également estimé que, contrairement à son adversaire, il avait fait preuve d'une grande qualité de jugement en condamnant fermement «l'agression» russe contre la Géorgie. Les anciennes nations «captives» de l'Union soviétique «devraient pouvoir compter sur le soutien et la solidarité du monde libre», a-t-il dit. «Si je suis élu président ces nations bénéficieront de ce soutien», a-t-il insisté.

Le jour même où la Géorgie a lancé une opération militaire pour reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud, M. McCain a pris fait et cause pour Tbilissi dénonçant les visées «impériales» de la Russie. Avant de condamner à son tour l'agression russe, M. Obama - alors en vacances à Hawaï- avait d'abord appelé les deux parties à la retenue.