Le directeur de l'Agence spatiale israélienne, qui est aussi député du parti au pouvoir, a minimisé lundi les risques posés par le lancement la veille d'une fusée de fabrication locale par l'Iran.

«L'Iran a encore beaucoup de chemin à parcourir en matière de satellites, et exagère délibérément ses succès spatiaux et aériens pour dissuader Israël et les États-Unis d'attaquer ses sites nucléaires», a déclaré à la radio publique le professeur Yitzhak Ben Israël, élu du parti Kadima et expert des questions spatiales.

«Il est clair que l'Iran possède depuis des années des missiles balistiques Shihab-3 qui mettent Israël à sa portée. Mais la menace de l'Iran provient de son programme nucléaire et non de ses satellites ou de ses missiles balistiques», a-t-il ajouté.

Un responsable de la sécurité israélienne, cité lundi par la radio publique, a en revanche jugé «inquiétant» le lancement par l'Iran d'une fusée spatiale car ce pays «est capable de développer ses capacités et de viser n'importe quel objectif situé à des milliers de kilomètres de son territoire».

Un spécialiste israélien des recherches spatiales, Tal Inbar, a aussi fait part de son inquiétude au journal Yédiot Aharonot: «Dès lors que vous parvenez à propulser une fusée dans l'espace, vous pouvez vous servir de vos compétences pour lancer des missiles balistiques sol-sol à longue portée», a-t-il dit.

«Le monde entier est à présent dans la situation que les Américains ont vécue en 1957 lorsque les Soviétiques ont lancé le Spoutnik dans l'espace: l'Occident était sous un effet de choc», a ajouté M. Inbar, directeur à l'Institut Fisher de recherches stratégiques sur l'espace et l'aéronautique, un centre de réflexion.

L'Iran a annoncé dimanche avoir lancé avec succès une fusée porteuse de fabrication locale et réussi à mettre en orbite un «satellite d'essai».

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe, avait déclaré le même jour que «le développement et le test de fusées par l'Iran est source d'inquiétude et soulève de nouvelles questions quant à ses intentions».

Israël considère l'Iran comme son ennemi juré, car le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a assuré vouloir le «rayer de la carte».

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, craignent que l'Iran poursuive un programme nucléaire à objectif militaire sous couvert de programme civil.

Téhéran nie vouloir se doter de l'arme atomique et refuse de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium, malgré trois résolutions accompagnées de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.