Aux yeux de l'opinion en général, la Chine est l'Empire du mal, le Tibet un paradis perdu, et le dalaï lama un vieux jedi merveilleux, plein de bonté et d'une sagesse infinie, descendu du Toit du monde avec le secret du bonheur et du sens de la vie. Le champion des libertés qui plus est, et de la paix dans le monde. Rien de moins à en croire le choeur des babas boudd et autres bobos d'Occident. Il s'ensuit qu'il ne saurait être question de critiquer « Sa Sainteté ». Elle est, si ce n'est vénérée, intouchable, taboue, d'Hollywood à Saint-Germain-des-Prés. Il est d'ailleurs sidérant de voir, à de rares exceptions près, nos beaux esprits français, d'ordinaire si sourcilleux sur le respect de la laïcité, si prompts à la défendre même quand elle n'est pas menacée, tomber en pamoison devant le chef d'une des « Eglises » les plus obscurantistes sur terre. Paresse ou aveuglement ?

Il y aurait pourtant beaucoup à redire sur le chef pas seulement « spirituel » des Tibétains. En effet, si son pays est dans la situation que l'on sait, il en est pour beaucoup responsable. Bel exemple du danger pour un peuple de s'abandonner à la religion et aux religieux pour la conduite de son destin. Car, au-delà des apparences et des affichages (le résistant à l'oppression), le dalaï lama aura essentiellement oeuvré à la défense de sa religion et d'une théocratie archaïque au prix de l'indépendance de son pays, sans parler du bonheur et de la souveraineté de « son » peuple. Ce n'est bien sûr pas l'individu qui est en cause, mais ce qu'il incarne, si l'on ose dire.

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