Le gouvernement israélien a renoncé à faire évacuer pour l'heure la plus importante des colonies sauvages construites sans son autorisation en Cisjordanie occupée, a-t-on appris vendredi auprès du ministère de la Défense.

Ce ministère a informé jeudi la Cour suprême que les colons de Migron, qui occupent des terres privées palestiniennes, pourront rester sur place aussi longtemps qu'une nouvelle colonie ne sera pas construite à proximité pour les accueillir, selon une porte-parole de la Défense. Aucune date n'a cependant été fixée pour le transfert des colons vers le nouveau site.

La porte-parole a précisé à l'AFP qu'un accord avait «été signé avec le Conseil représentatif des implantations juives en Cisjordanie (Yesha) en vue du transfert de Migron sur un autre site».

«Nous nous sommes engagés auprès du tribunal à annoncer dans les 45 jours le nouvel emplacement de Migron. L'implantation sera reconstruite sur des terres domaniales, dans la région, et deviendra un quartier d'une implantation existante», a-t-elle précisé

Mais pour l'heure les colons de Migron ont annoncé qu'ils refusaient d'évacuer, même si Yesha donne son accord. Ils sont soutenus par l'aile la plus extrémiste des colons, notamment par un petit groupe de rabbins qui interdisent une évacuation de «toute parcelle de la Terre promise».

En janvier le gouvernement s'était engagé auprès de la Cour à évacuer Migron d'ici août, disant s'efforcer de trouver un accord à l'amiable avec les colons.

Migron compte quelque 200 résidents installés dans plusieurs maisons en dur et des dizaines de mobile homes, ainsi qu'une synagogue, un bain rituel, un jardin d'enfants et des serres, le tout relié par Israël au réseau électrique et protégé par l'armée.

Le mouvement israélien anticolonisation La Paix Maintenant a dénoncé ce nouveau report de l'évacuation.

«Le gouvernement a capitulé devant les menaces des colons d'user de la violence s'ils étaient évacués, alors qu'ils occupent en toute illégalité des terres privées palestiniennes», a déclaré à l'AFP son dirigeant Yariv Oppenheimer.

«Nous n'acceptons pas le cadeau qui est fait aux colons, qui obtiennent en compensation de leur action illégale la construction d'une nouvelle colonie» a-t-il ajouté, indiquant que La Paix Maintenant poursuivrait son action en justice pour obtenir le démantèlement de Migron.

L'avocate Talia Sasson, qui avait été chargée en 2004 par le gouvernement d'examiner le statut juridique des points de colonisation, a jugé la position du gouvernement «pour le moins étrange».

«Migron a été érigé de façon frauduleuse, sur des terres privées prises à des Palestiniens. Or les mêmes colons qui avaient violé la loi, voient leur action cautionnée», a-t-elle déclaré à la radio publique.

Dans son rapport au gouvernement, cette ancienne responsable au ministère de la Justice relevait que les autorités, et en particulier le ministère de la Défense, fournissaient en sous-main un appui massif aux colonies sauvages.

Un rapport policier interne, publié vendredi par le quotidien Haaretz, fait par ailleurs état d'une augmentation sensible des agressions commises contre des Palestiniens par des colons ou de heurts de colons avec la police et l'armée.

Selon ce rapport, 429 incidents ont été enregistrés dans les six premiers mois de l'année contre 551 pour toute l'année 2007.

Israël s'est engagé à plusieurs reprises auprès de Washington à démanteler les colonies sauvages de Cisjordanie, au nombre d'une centaine selon La Paix Maintenant.

Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies dans les territoires occupés depuis juin 1967 sont illégales.