La Géorgie a annoncé mardi qu'elle aurait des entretiens directs jeudi avec sa région indépendantiste d'Ossétie du Sud, les premiers en dix ans, et qu'elle évoquerait cette semaine ce dossier avec la Russie, qui a, elle, menacé d'intervenir en cas d'aggravation de la situation.

«Il y a un accord en vue d'une rencontre à Tskhinvali (la capitale de l'Ossétie du Sud) le 7 août», a déclaré à l'AFP Marina Saloukvadze, la porte-parole du ministre géorgien de la Réintégration, Temour Iakobachvili.

«La dernière réunion entre les parties en conflit dans la configuration quadripartite (Géorgie, Ossétie du Sud, république russe d'Ossétie du Nord, Russie, ndlr) a eu lieu en février 2007 (...) Il n'y a pas eu de pourparlers bilatéraux directs entre Géorgiens et séparatistes d'Ossétie du Sud au cours de la dernière décennie», a précisé à l'AFP M. Iakobachvili.

Lana Parastaïeva, une porte-parole des autorités d'Ossétie du Sud, a démenti l'information donnée par Tbilissi. «Il n'y a pas d'accord» sur une rencontre jeudi, a-t-elle simplement réagi, interrogée par l'AFP.

La Russie, par la voix de Iouri Popov, ambassadeur spécial auprès du ministère des Affaires étrangères, a ensuite confirmé que M. Iakobachvili et un haut représentant d'Ossétie du Sud, Boris Tchotchiev, se verraient bien à Tskhinvali jeudi.

Le ministère géorgien des Affaires étrangères a, en outre, annoncé que son vice-ministre, Grigol Vachadze, rencontrerait cette semaine à Moscou son homologue russe, Grigori Karassine, afin de discuter de la situation en Ossétie du Sud.

Dans le même temps, Moscou a prévenu, via Iouri Popov, cité par l'agence de presse russe Interfax, que «si les événements se développent selon le scénario militaire le plus sombre, la Russie ne pourra pas se permettre de rester à l'écart, sachant que des citoyens russes vivent en Ossétie du Sud, en particulier dans la zone de conflit».

La Russie avait mis en garde dimanche contre des affrontements «de grande envergure» dans la région et avait accusé la Géorgie pro-occidentale d'opérer des mouvements de troupes.

Sur le terrain, la situation demeurait confuse depuis les sanglants accrochages de vendredi en Ossétie du Sud.

Six personnes avaient alors été tuées et sept blessées par des tirs qui provenaient de positions géorgiennes, d'après le gouvernement de la région rebelle, Tbilissi affirmant que les Ossètes avaient tiré les premiers.

L'Ossétie du Sud a affirmé mardi poursuivre l'évacuation de populations civiles, en priorité de femmes et d'enfants, en direction de la Russie voisine, la Géorgie parlant, quant à elle, d'opération de propagande.

«L'évacuation se poursuit (...) jusqu'à présent, plus de 1.000 femmes et enfants ont été évacués», a dit Mme Parastaïeva.

«D'autre personnes sont parties d'elles-mêmes. Environ 2.500 personnes ont au total fui, selon les garde-frontières», a-t-elle assuré.

Le gouvernement avait ordonné samedi l'évacuation des femmes, enfants et personnes âgées dans et autour de Tskhinvali, «afin d'assurer la sécurité de la population».

Des responsables d'Ossétie du Sud, cités par les agences de presse russes, ont affirmé que des «volontaires», dont des cosaques, commençaient à arriver en provenance de Russie méridionale pour prêter main forte aux indépendantistes en cas d'éventuel conflit avec la Géorgie.

Comme l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud a unilatéralement proclamé son indépendance de Tbilissi au lendemain de la chute de l'URSS, au début des années 1990.

L'Union européenne s'est dite mardi «préoccupée» face au regain de tension en Ossétie du Sud, exhortant à la modération et à la «reprise rapide des négociations».