De nouvelles violences ont éclaté mardi au Cachemire indien, théâtre depuis sept semaines de manifestations qui ont fait une dizaine de morts et des centaines de blessés sur fond de graves tensions entre hindous et musulmans.

Des manifestants musulmans, majoritaires dans ce territoire himalayen, jetaient des briques sur des policiers dans la capitale d'été, Srinagar, pour protester contre la multiplication, selon eux, d'agressions de résidents hindous.

Lundi, un musulman a été tué par une grenade lacrymogène tirée par la police à Srinagar. Le même jour, deux hindous ont été abattus par la police qui voulait stopper la mise à sac de véhicules à Jammu, la capitale d'hiver du Cachemire.

Mardi, des habitants en colère bloquaient des routes, incendiaient des voitures et les forces de l'ordre ont dispersé la foule à coups de bâtons et en tirant des gaz lacrymogènes, selon des témoins.

Tout a commencé à la mi-juin lorsque le gouvernement de l'Etat du Jammu-et-Cachemire a alloué des terrains à des dizaines de milliers de d'hindous qui affluent chaque année pour l'Amarnath Yatra, un grand pèlerinage vers une grotte à 3800 mètres d'altitude sur les contreforts de l'Himalaya et réputée être une demeure du dieu Shiva.

Face à la colère des musulmans, les autorités étaient revenues sur leur décision, déclenchant du coup la colère d'hindous concentrés au sud du Cachemire et dont certains s'en prennent depuis à des musulmans.

«Nous vivons en permanence dans la peur», a affirmé Shah Mohammad Chowdhary, un dignitaire islamique de Jammu.

Le Premier ministre Manmohan Singh, dont le pays est régulièrement secoué par des violences interconfessionnelles, a convoqué mercredi une réunion des partis politiques.

Le Cachemire est divisé entre le Pakistan et l'Inde et les deux puissances nucléaires militaires d'Asie du Sud se le disputent depuis 1947. Deux des trois guerres qui les ont opposées ont eu trait à cette question.

La partie indienne est secouée depuis 1989 par une insurrection séparatiste islamiste qui a fait 43 000 morts, voire 60 000 et 10 000 disparus, selon des organisations des droits de l'homme.