Deux audiences préliminaires ont commencé mercredi matin sur la base navale de Guantanamo, qui concernent deux des plus jeunes détenus de la prison américaine, Omar Khadr et Mohammed Jawad, a-t-on appris auprès d'un observateur d'Amnesty international présent sur place.

Les audiences préliminaires aux procès des deux jeunes jeunes gens ont commencé vers 9H00 en présence des deux détenus, qui ont déjà passé plus de cinq ans à Guantanamo.

Omar Khadr, de nationalité canadienne et dernier Occidental détenu à Guantanamo, doit comparaître début octobre notamment pour «meurtre», «tentative de meurtre» et «complot». Il avait 15 ans quand il a été arrêté en Afghanistan, soupçonné d'avoir lancé une grenade sur un militaire américain qui n'a pas survêcu.

Le procès de Mohammed Jawad, âgé aujourd'hui de 21 à 23 ans, n'a pas encore été programmé mais comme Omar Khadr, il risque la prison à vie pour «tentative de meurtre» et «coups et blessures volontaires». Il est soupçonné d'avoir blessé deux soldats américains et leur interprète afghan en lançant une grenade.

Deux témoins ont déposé mercredi matin à l'audience de Mohammed Jawad, a assuré à l'AFP Michael Bochenek, observateur pour Amnesty international. Parmi eux, un officier de l'armée américaine a «confirmé l'existence du +programme des voyages fréquents+» dans le centre de détention de Guantanamo.

Ce «programme», considéré par certains comme une forme de torture, consiste à changer un détenu de cellule toutes les heures ou toutes les deux heures pendant plusieurs jours, afin de l'épuiser faute de sommeil continu.

«Il n'y a pas de documents» l'attestant, a cependant assuré le témoin. Pour M. Bochenek, ce témoignage montre combien cette pratique était devenue la norme dans le centre de détention. Il a en revanche regretté qu'il n'ait pas été plus précis sur le nombre de détenus concernés.

Selon lui, Mohammed Jawad, revêtu d'une tenue propre, poignets et chevilles libres, a protesté à deux reprises pendant l'audience, une fois parce qu'un témoin parlait trop vite pour une traduction correcte en simultané, une autre fois pour dire qu'il préférait un des deux traducteurs.

M. Bochenek a précisé à l'AFP que l'audience de Omar Khadr avait été interrompue très tôt sans accueillir de témoins.

Juges, avocats et détenus doivent reprendre leurs travaux dans l'après-midi.

Ces audiences devant des commissions militaires interviennent quelques jours après la condamnation à une peine légère du premier détenu de Guantanamo passé devant un tribunal militaire d'exception statuant sur les crimes de guerre dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».

Il reste cinq mois à purger à Salim Hamdan, ancien chauffeur d'Oussama ben Laden, à l'issue desquels la question de la libération d'un détenu de Guantanamo jugé va être posée à la nouvelle administration.

Dans un communiqué mercredi, Amnesty international a par ailleurs vivement protesté contre ces procédures judiciaires à l'encontre d'«enfants lorsqu'ils ont été placés en détention par les Américains en Afghanistan, respectivement en juillet et décembre 2002».

«Leurs années de détention à Guantanamo sont un affront aux principes des droits de l'Homme, y compris les normes sur la détention de mineurs», a estimé l'organisation.