L'horizon s'est dégagé cette semaine pour un 3e mandat du président colombien Alvaro Uribe: l'autorité électorale épluche une pétition de 5 millions de noms qui ouvrira probablement la voie à une réforme constitutionnelle, nécessaire à sa réélection et objet d'une polémique.

«La majorité de la population veut qu'il reste au pouvoir. Cette démarche est le fruit de sa grande popularité (...) En Colombie, la source de popularité vient des FARC et il s'est affirmé comme le grand champion de la lutte contre les FARC», estime l'éditorialiste colombienne Claudia Lopez.

Quand Uribe est arrivé au pouvoir en 2002, la constitution n'autorisait qu'un mandat de 4 ans. En 2006, c'est déjà une modification de la constitution qui lui a permis de rester au pouvoir. Son mandat expire en 2010.

L'alternance était un principe de base du système politique colombien mais grâce à ses succès contre la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), notamment la libération d'Ingrid Betancourt et l'élimination de deux chefs de l'organisation rebelle, Uribe a la confiance de la population.

Pour que la réforme constitutionnelle aboutisse, l'autorité électorale doit reconnaître comme valides au moins 1,4 million de signatures (5% de l'électorat). Si elle rend un avis positif, le texte devra être approuvé par le Congrès, acquis à Uribe, puis par la Cour constitutionnelle, qui pourra alors donner le feu vert à l'organisation d'un référendum.

«Je crois que ce sera une pure formalité (...) Il est éclaboussé (par le scandale de la para-politique) mais pas affecté, il est très habile dans la gestion de son image», ajoute Claudia Lopez.

La majorité des parlementaires de la coalition d'Uribe ont été arrêtés dans le cadre du scandale de la «para-politique» pour des liens avec les groupes paramilitaires d'extrême-droite.

«J'espère que le Congrès prendra en compte la clameur des 5 millions de Colombiens (favorables à) la réélection du président Alvaro Uribe», a dit en remettant les signatures l'ex-sénateur de la coalition au pouvoir, Luis Giraldo, qui dirige le comité de soutien à la réélection d'Uribe.

Le texte de la pétition de 5.021.873 noms (18% de l'électorat) dit que «celui qui a exercé la présidence durant deux mandats constitutionnels pourra être réélu pour un nouveau mandat».

Le sénateur Gustavo Petro, du Pole démocratique (opposition de gauche), dénonce que «des chefs d'entreprises qui ont des contrats avec l'État ont obligé leurs employés à signer», cette initiative «est regrettable pour la démocratie en Colombie».

Le référendum «ne va pas seulement servir pour 2010, mais pour 2014, 2018, cela va plus loin qu'un 3e mandat», met en garde le politicien qui fait partie des présidentiables à gauche.

L'analyste Alfredo Rangel juge en revanche la quête d'un 3e mandat «totalement justifiée» étant donné les états de service du président.

Alvaro Uribe, 56 ans, se défend d'être à l'origine de la pétition et n'a pas officiellement annoncé qu'il briguait un 3e mandat.

«Quand s'échappera la fumée blanche, signe du président pour sa réélection?» s'interrogeait mardi le quotidien El Nuevo Siglo, en référence à l'annonce de l'élection d'un Pape à Rome.

«Avant Uribe, la Colombie était un désastre, il a promis de nous donner la sécurité et il a tenu parole. J'espère qu'il va rester au pouvoir», témoigne Clara Acosta, une enseignante de Bogota, résumant le sentiment général.

Actuellement, Alvaro Uribe ne compte aucun rival politique sérieux pour la présidentielle de 2010, ni dans son camp, ni dans l'opposition. La grande inconnue concerne Ingrid Betancourt et ses intentions en Colombie, avec ou contre Uribe.