La récente série d'attentats au Xinjiang constitue une réelle recrudescence du terrorisme dans la région musulmane de l'ouest chinois mais cette flambée de violence ne menace pas sérieusement les jeux Olympiques, ont estimé des analystes.

Un attentat contre un commissariat de police dans cette province s'est soldé dimanche par la mort de dix assaillants et d'un garde de sécurité.

Six jours plus tôt, une autre attaque avait coûté la vie à seize policiers dans la ville de Kashgar, également dans cette région à des milliers de kilomètres de Pékin où les Ouïghours, musulmans turcophones, composent l'ethnie majoritaire.

Les autorités chinoises avaient cité le Parti islamique du Turkestan oriental (ETIM), une organisation islamiste séparatiste, comme pouvant être impliqué.

«Il s'agit clairement de la plus importante poussée de violence dans le Xinjiang depuis des années», a souligné Nicholas Bequelin, chercheur de l'ONG Human Rights Watch (HRW).

«Il y a une montée des violences des activistes dans le Xinjiang en raison des jeux Olympiques», a-t-il ajouté.

Un responsable chinois a annoncé mardi que dix-huit «terroristes» étrangers avaient été arrêtés cette année au Xinjiang, où elle a renforcé la sécurité.

Des analystes assurent que les islamistes sont tentés de profiter de l'énorme couverture médiatique entourant les Olympiades. Les autorités chinoises ont admis qu'un risque pesait sur l'événement, tout en assurant pouvoir protéger les sites touristiques et sportifs.

Pour Rohan Gunaratna, expert singapourien en terrorisme, la principale menace visant les JO vient de l'ETIM, qui souhaite imposer un Etat islamique indépendant dans le Xinjiang. L'ETIM figure sur la liste des organisations terroristes des Nations Unies.

«Il leur est très difficile de frapper les Jeux en raison des mesures de sécurité» dans la capitale, surveillée par 150 000 membres des forces de sécurité, a expliqué M. Gunaratna.

Mais, a-t-il poursuivi, «les récents attentats montrent une coordination notable des attaques par les forces de l'ETIM» (depuis les régions frontalières du Pakistan).

Selon Richard Rigby, un expert sinologue de l'Université nationale d'Australie, il est probable que Pékin répliquera par la répression aux récentes violences, une option d'ailleurs souhaitée par les radicaux musulmans.

«C'est l'erreur que la Chine a souvent reproduite par le passé, ils répondent par des méthodes qui renforcent les radicaux en augmentant le ressentiment des activistes», a-t-il affirmé.

De nombreux Ouïghours se plaignent d'être tenus à l'écart de la croissance et accusent l'ethnie han de pratiquer des discriminations. Les Ouïghours se sont soulevés à plusieurs reprises dans leur histoire contre le pouvoir central chinois, réussissant même par deux fois à installer une République indépendante du Turkestan oriental.

Rohan Gunaratna assure que si la menace islamiste était cantonnée à l'intérieur des frontières de la Chine, Pékin pourrait facilement s'en débarrasser.

Mais, avec la présence documentée d'une «base» d'activistes ouïghours dans les zones tribales pakistanaises à la frontière de l'Afghanistan, la situation est différente. «La Chine doit faire face à une menace importante et durable en raison de cette présence étrangère», a affirmé cet expert.