À en juger par leur nombre et leur équipement, les policiers de Denver s'attendent peut-être à ce que leur ville se transforme en Montréal-Nord cette semaine. Hier, à cheval, à pied et en voiture, ils patrouillaient chacune des rues d'un centre-ville envahi par des milliers de délégués et des centaines de manifestants.

Tout s'est bien passé. À la veille de l'ouverture de la convention du Parti démocrate, les délégués ont joui d'une journée ensoleillée dans une ville pimpante située non loin des Rocheuses et surnommée «The Mile High City» en raison de son élévation: 1609 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Les manifestants, de leur côté, ont défilé pacifiquement le long de la 16e Rue, une artère piétonne, pour protester contre la guerre en Irak et la prison de Guantanamo, entre autres legs controversés de l'administration sortante.

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Il ne devrait pas y avoir d'émeutes à Denver au cours de la convention démocrate, qui désignera officiellement le «ticket» Barack Obama–Joseph Biden. Mais il n'est pas dit que le parti en sortira indemne.

Hier, les républicains ont fait leur part pour créer la dissension chez les démocrates au lendemain du choix du sénateur Biden comme colistier de Barack Obama. Dans une nouvelle publicité, l'équipe de John McCain a rappelé quelques-unes des déclarations négatives d'Hillary Clinton à l'endroit de Barack Obama.

«Elle a remporté 18 millions de votes, mais elle ne fait pas partie du ticket. Pourquoi?» demande la narratrice de la pub. «Parce qu'elle a dit la vérité. La vérité blesse et M. Obama n'aime pas ça.»

Le discours de Michelle Obama

C'est la femme de Barack Obama, Michelle, qui prononcera le discours le plus important aujourd'hui dans un amphithéâtre de Denver appelé Pepsi Center. À l'occasion de la première soirée de la convention, elle se portera garante des valeurs américaines de son mari.

Mais le psychodrame entre Obama et les Clinton risque de dominer l'attention des délégués et des médias. Hillary Clinton s'adressera à la convention demain et son mari Bill prendra la parole mercredi au cours d'une soirée consacrée à la sécurité nationale.

Le même jour, la sénatrice de New York convoquera les délégués qui l'ont soutenue au palais des congrès du Colorado. Elle doit alors les remercier de leur appui et les appeler officiellement à voter pour Barack Obama.

Il ne s'agira pas d'un appel symbolique. Selon un récent sondage Wall Street Journal/NBC, seulement la moitié des électeurs qui ont voté pour Hillary Clinton lors des primaires se disent prêts à voter pour Barack Obama.

Le sénateur de l'Illinois arrivera à Denver jeudi, jour où il prononcera son discours d'investiture devant quelque 75 000 personnes réunies dans un stade de football appelé Invesco. D'ici là, il poursuivra sa campagne électorale, s'arrêtant en Iowa, au Missouri et au Montana. Hier, de passage au Wisconsin, il s'est à nouveau félicité d'avoir choisi Joseph Biden comme colistier.

«Les conversations que nous avons eues au cours des derniers jours me confirment absolument dans l'idée qu'il est l'homme parfait pour cet emploi. Il a la passion, la sagesse des Américains de la classe moyenne. Il n'a pas oublié ses origines ouvrières. Il a l'expertise qui fera de lui un excellent conseiller dans les crises internationales qui peuvent surgir», a-t-il déclaré aux journalistes.

Une autre étape historique

Mais Barack Obama est encore loin de la Maison-Blanche. Jeudi soir, il franchira une autre étape historique en devenant officiellement le premier candidat afro-américain à représenter un grand parti à l'élection présidentielle. L'événement coïncidera avec le 45e anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King sur le thème J'ai un rêve.

Les policiers de Denver devraient encore être aux aguets.