La manifestation de soutien à Radovan Karadzic s'est achevée brutalement mardi soir dans le centre de Belgrade en raison de heurts entre plusieurs centaines de jeunes et la police, au moment où l'ultra-nationaliste Tomislav Nikolic clôturait le rassemblement.

Les incidents ont éclaté lorsque des jeunes gens ont commencé à prendre à partie la police déployée aux abords de la place de la République où se déroulait la manifestation.

Peu avant le début du meeting, un groupe d'environ 150 à 200 jeunes gens s'était déjà fait remarquer à leur arrivée sur la place du centre de Belgrade par des chants agressifs visant le président pro-européen Boris Tadic.

«Ceux-là, ils vont provoquer des problèmes», a grommelé un manifestant en observant les jeunes gens. Plus tard dans la soirée, un correspondant de l'AFP a pu voir plusieurs d'entre eux s'opposer violemment à la police anti-émeutes.

La manifestation devait en principe s'achever par une marche dans les rues du centre de la capitale serbe, mais celle-ci n'a finalement pas eu lieu à cause des incidents.

Dès le début des échauffourées, Tomislav Nikolic, le leader du Parti radical (SRS, ultranationaliste) à l'origine du rassemblement, a tenté en vain d'appeler au calme: «ne faites pas cela, les enfants, nous ne nous sommes pas réunis pour cela, nous ne voulons pas détruire Belgrade, mais Boris Tadic».

En réponse à des jets de pierre et autres projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

«Ils (le pouvoir) ont provoqué cela volontairement pour empêcher notre marche. Le pouvoir ne s'attendait pas à ce que nous soyons aussi nombreux», a déclaré un homme d'une quarantaine d'années, avant de courir pour tenter de se protéger des gaz lacrymogènes.

Après avoir subi une première salve de gaz lacrymogènes, plusieurs centaines de manifestants sont ensuite repassés à l'offensive contre les forces de l'ordre. Les policiers ont alors tiré une autre salve en directions des manifestants.

La place de la République a alors commencé à se vider de ses manifestants dans la plus grande confusion.

Certains, les yeux pleins de larmes ont fustigé la police et le gouvernement: «ces traîtres nous ont agressés parce qu'ils haïssent les patriotes serbes», a lancé un manifestant furieux, soutenu par un ami.

Sur les lieux des heurts, les pierres et autres projectiles, les conteneurs en feu, les vitrines brisées, les ordures éparpillées, témoignent de l'intensité et de la violence de l'affrontement.

Une fois chassés de la place de la République, les émeutiers les plus déterminés ont été poursuivis par les unités anti-émeutes à travers les rues du centre de Belgrade, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Où allez vous?», a lancé un policier à un passant avant de lui conseiller une fois la réponse entendue de ne pas s'y rendre: «n'y allez pas maintenant, prenez un café quelque part, et patientez il y a des altercations par là-bas». L'homme, visiblement pas au courant des incidents, a rebroussé chemin.

Une heure après le début des violences, qui ont fait 13 blessés parmi les policiers et 15 parmi les manifestants, la situation étaient sous contrôle des forces de l'ordre et le calme était revenu dans le centre de la capitale serbe.