Le Conseil de paix et sécurité de l'Union Africaine (UA) a «mis en garde» samedi la Cour pénale internationale (CPI) sur les poursuites envisagées contre des responsables du gouvernement soudanais.

Le CPS, qui s'est réuni vendredi soir, «a entendu une communication du procureur adjoint de la CPI sur certaines de ses activités», selon un communiqué, soulignant que le Conseil «a réaffirmé l'engagement de l'UA à combattre l'impunité».

«Dans le même temps, le CPS (Conseil de paix et sécurité) a exprimé sa profonde conviction quant à la nécessité de poursuivre la recherche de la justice de manière à ne pas entraver ou compromettre les efforts visant à promouvoir une paix durable, et a rappelé que, dans sa résolution 1593 (2005) du 31 mars 2005, le Conseil de sécurité des Nations unies a également souligné la nécessité de promouvoir l'apaisement et la réconciliation».

Un haut responsable de l'UA a expliqué à l'AFP que «la position du CPS est de mettre en garde la CPI sur les risques d'une action contre certaines personnalités qui pourrait compromettre la paix sur le continent».

«L'essentiel (de la réunion) a porté sur le Darfour, très largement et sur le fait que les étapes à venir seront déterminantes, mais la CPI n'a pas donné plus de précisions.» Il n'y a eu aucune communication officielle sur le président soudanais Omar el-Béchir, a ajouté cette source.

«Par ailleurs, elle a brièvement mentionné les cas de la Centrafrique, de la RDCongo et de l'Ouganda avec la rébellion de la LRA», a-t-il précisé.

Cette réunion avec les responsables de la CPI intervient à la veille de la présentation prévue lundi du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, devant les juges de la CPI de nouvelles «preuves» de crimes commis ces cinq dernières années contre des civils au Darfour.

Selon le département d'État américain, M. Moreno-Ocampo va également demander un mandat d'arrêt contre le président soudanais pour des crimes commis au Darfour.

Le Soudan a mis en garde contre toute mesure de la CPI visant le président el-Béchir, estimant que cela risquerait de détruire le processus de paix au Darfour.

De leurs côté, les représentants des groupes rebelles du Darfour se sont félicités vendredi à Genève que le procureur de la CPI ait l'intention de demander l'arrestation du président soudanais.

L'UA avait déployé dès 2004 une force de paix au Darfour, l'Amis, qui a été remplacée sur le terrain par une force hybride UA-ONU, la Minuad.

Mais cette force ne dispose au sol pour l'instant que d'environ 9200 soldats et policiers, ainsi que de 1300 civils. Seuls les contingents africains issus de l'Amis sont effectivement sur le terrain, alors que Khartoum bloque l'arrivée de troupes non africaines.

La Minuad, qui doit à terme compter quelque 26 000 hommes, manque cruellement de moyens aériens pour surveiller un territoire grand comme la France.

La réunion du CPS «a débuté par une minute de silence en hommage aux soldats de la paix qui ont été tués au Darfour, notamment lors de la dernière attaque où sept casques bleus africains ont été tués et 22 blessés», a indiqué un des participants de la réunion.

«Par ailleurs», conclut le communiqué, le CPS «a réitéré la préoccupation de l'UA face à la mise en accusation abusive de dirigeants africains», telle qu'elle a été exprimée lors du dernier sommet de l'UA les 30 juin et 1er juillet.

Depuis 2003, les forces gouvernementales appuyées par les milices arabes janjawids luttent contre des mouvements rebelles de cette province du Soudan. Le conflit a fait plus de 300 000 morts et entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes, selon l'ONU. Khartoum parle de quelque 10 000 morts.