Le parlement sénégalais a adopté mercredi cinq lois constitutionnelles dont une permettant de juger l'ex-président tchadien Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l'humanité et réfugié au Sénégal depuis 1991, a-t-on appris de sources concordantes.

Le congrès du parlement, regroupant l'Assemblée nationale et le Sénat et qui se réunissait pour la première fois, «a adopté cinq lois constitutionnelles», a affirmé à l'AFP le député Doudou Wade, président du groupe de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale.

Ces lois, qui avaient été adoptées séparément par les deux institutions parlementaires, doivent maintenant être promulguées par le président sénégalais Abdoulaye Wade pour entrer en vigueur, a précisé à l'AFP une source proche du président de l'Assemblée nationale Macky Sall.

Une des lois adoptées «permet au Sénégal de se conformer au droit international pour juger l'ancien président tchadien Hissène Habré», a indiqué la même source, qui n'a pas donné de détails.

Cette information a été confirmée mercredi soir par la télévision publique sénégalaise RTS et par l'organisation Human Rights Watch (HRW), qui défend les victimes du régime de M. Habré.

Un amendement constitutionnel adopté par le congrès «confirme la compétence de la justice sénégalaise pour juger des crimes contre l'humanité perpétrés par le passé (et) lève tout obstacle au jugement de Hissène Habré», affirme HRW dans un communiqué transmis à l'AFP.

Le Sénégal a été mandaté par l'Union africaine (UA) en juillet 2006 pour accueillir le procès de Hissène Habré. Mais ce pays est régulièrement critiqué par des organisations de défense de droits de l'Homme et des victimes pour sa lenteur à faire évoluer le dossier.

Le régime d'Habré (1982-1990) est accusé d'avoir torturé des milliers de Tchadiens.

Parmi les lois constitutionnelles adoptées mercredi, figure aussi des textes relatifs à la création d'une Cour suprême et d'une «troisième chambre parlementaire, le Conseil économique et social», selon des sources parlementaires jointes par l'AFP.