Le président vénézuélien Hugo Chavez, ennemi juré des États-Unis, a transmis mardi à son homologue russe Dmitri Medvedev le «salut» de Fidel Castro avant de discuter d'achats d'armes et de coopération énergétique bilatérale.

«Fidel et beaucoup d'autres amis en Amérique latine m'ont demandé de vous saluer», a-t-il déclaré au début de sa rencontre avec le nouveau maître du Kremlin, qui a pris ses fonctions en mai.

«Fidel parle de crise de la raison, surtout dans les pays les plus puissants. La Russie a retrouvé la raison», s'est félicité M. Chavez, qui était reçu dans la résidence du président russe à Barvikha, près de Moscou.

«J'observe avec un grand respect et un grand amour la renaissance de la Russie», a poursuivi le chef de l'État vénézuélien, qui entame à Moscou une tournée européenne devant le conduire également au Bélarus, au Portugal et en Espagne.

M. Chavez, grand pourfendeur de «l'impérialisme américain», cherche à afficher une relation privilégiée avec Moscou face à Washington. Il doit aussi rencontrer mardi l'ex-président Vladimir Poutine, devenu premier ministre en mai.

Si la Russie soigne ce gros client militaire, elle garde toutefois ses distances avec les discours antiaméricains souvent enflammés du président vénézuélien. En juin 2007, le Kremlin avait ainsi fait en sorte que sa visite en Russie ne soit pas trop médiatisée, à la veille d'un sommet russo-américain à Kennebunkport (États-Unis).

M. Medvedev s'est de facto montré plus mesuré que son interlocuteur. «Ces derniers temps, nos relations sont devenues non seulement stables mais aussi très dynamiques (...) J'espère des négociations productives et une coopération réussie», a-t-il dit.

Les deux présidents devaient ensuite entrer dans le vif du sujet, des ventes d'armes russes à Caracas à la signature de contrats de coopération énergétique et financière.

Selon des sources russes, le Venezuela, fort de ses pétrodollars, étudie l'acquisition de systèmes de missiles sol-air TOR-M1, de sous-marins et de chars russes.

«Nous voulons la paix, mais nous voulons aussi renforcer notre défense», a assuré M. Chavez, qui a entrepris une modernisation en profondeur de l'armée vénézuélienne pour répondre aux «menaces» américaines, à son arrivée à Moscou.

Ces dernières années, la Russie a déjà vendu au Venezuela pour 3,5 milliards de dollars d'équipements militaires - dont 24 avions de chasse Soukhoï, 50 hélicoptères de combat et 100 000 fusils d'assaut Kalachnikov - une coopération très mal vue par les États-Unis.

Quatre accords de coopération doivent être également signés à l'occasion de cette visite entre les géants énergétiques russes Gazprom, Loukoïl, TNK-BP et la compagnie nationale des pétroles du Venezuela (PDVSA), a indiqué une source au Kremlin.

«La coopération dans le domaine de l'énergie avance de façon dynamique», a déclaré cette source, sans autres précisions.

Les entreprises russes s'intéressent de près au Venezuela, cinquième exportateur mondial de brut, où plusieurs géants américains ont été déclarés non grata. Le numéro deux russe du pétrole, Loukoïl, présent pour l'heure dans l'exploration, souhaite ainsi y étendre son activité.

A son arrivée à Moscou, M. Chavez a aussi évoqué la signature d'un accord pour la création d'une banque russo-vénézuélienne.

Le président vénézuélien a appelé par ailleurs à une action commune contre la crise alimentaire qui frappe une partie de la planète.

«Nous devons créer un bouclier alimentaire. Là où certains veulent se défendre avec des missiles, nous voulons créer un bouclier contre la faim», a-t-il lancé dans une allusion au projet de bouclier de défense américain, dont des éléments seront déployés en Europe de l'est.