Le président soudanais Omar el-Béchir, menacé de poursuites internationales pour génocide au Darfour, a réaffirmé mercredi à Istanbul que son pays ne permettrait jamais le jugement d'un citoyen soudanais par une cour étrangère.

«Nous rejetons catégoriquement qu'un Soudanais puisse être jugé hors du Soudan (...) Nous ne remettrons jamais aucun de nos citoyens pour être jugé à l'étranger», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en marge d'un sommet sur la coopération entre la Turquie et l'Afrique.

La visite du président Béchir à Istanbul est son premier voyage à l'étranger depuis que procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a réclamé le 14 juillet un mandat d'arrêt contre lui pour «génocide» au Darfour, région de l'ouest du pays en proie à la guerre civile.

Le chef d'État a accusé la CPI d'être l'instrument de conspirations contre le Soudan.

«La tentative d'utiliser la soi-disant justice internationale contre le pays (...) est une tentative pour encourager les groupes rebelles opposés à la paix à poursuivre leurs destructions et déstabilisation (...) pour faire chuter le régime au Soudan», a-t-il dit, selon la traduction en anglais de ses propos.

«Nous avons nos propres institutions judiciaires (...) Nous sommes capables de juger toute personne qui viole la justice», a ajouté le président Béchir.

La France avait appelé en juillet Khartoum à faire un «geste» vis-à-vis de la CPI en livrant le ministre aux Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef des milices pro-gouvernementales janjawid, Ali Kosheib, visés depuis mai 2007 par deux mandats d'arrêt de la Cour pour crimes de guerre au Darfour.

Le régime soudanais, qui rejette les accusations de la CPI, s'efforce de convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU de geler de possibles poursuites si la CPI lançait un mandat d'arrêt contre Béchir, arguant que cela ne ferait qu'entraver le processus de paix au Darfour.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300 000 morts, selon l'ONU, quelque 10 000 selon Khartoum.