Obliger les élèves surpris à fumer dans l'école à nettoyer les planchers, entre autres «travaux utiles». C'est la solution qu'a adoptée un lycée milanais pour combattre le tabagisme chez les jeunes.

Cette «petite intervention didactique» a soulevé des vagues en Italie, pays où l'interdiction de fumer dans les endroits publics a été particulièrement difficile à imposer. Des médias ont même évoqué des «travaux forcés», comme si on demandait aux élèves de nettoyer le plancher des toilettes avec une brosse à dents.

«En Italie, nous avons une grande difficulté à réconcilier les demandes d'un plus grand sérieux et d'une plus grande sévérité, avec les cas de parents d'élèves qui minimisent leurs mauvais coups et en appellent des décisions de l'école», explique la directrice du lycée Beccaria, Annamaria Indinimeo, en entrevue avec La Presse. «Dans le cas de la cigarette, même s'il existe en Italie une interdiction de fumer dans les lieux publics, on trouve encore des gens qui considèrent que fumer est une infraction légère. Et surtout, ils trouvent qu'il est démesuré de sanctionner les adolescents qui fument à l'école, en partie parce que plusieurs adultes leur donnent un mauvais exemple.»

La directrice Indinimeo a trouvé la solution en mai: elle a fait adopter par le conseil d'établissement, où siègent des parents et des élèves, le règlement imposant des sanctions immédiates aux fumeurs impénitents - seulement aux élèves, par contre. «Même les représentants des élèves ont signé», souligne-t-elle.

Ce n'est pas la première fois qu'elle adopte la ligne dure. «J'ai déjà imposé des travaux utiles dans d'autres situations: cet hiver, certains s'étaient mal conduits, et je les ai obligés à nettoyer les escaliers ou à balayer le corridor. C'est beaucoup plus efficace que les notes au dossier ou les retenues.»

Une journaliste du quotidien romain La Repubblica, qui a dévoilé l'histoire, a recueilli les commentaires des élèves du lycée, qui compte un millier d'inscrits. Les deux représentants des élèves au conseil d'établissement subissent un barrage d'insultes - «traîtres infâmes» -, mais de nombreux adolescents ont témoigné qu'ils étaient bien contents de ne plus avoir à traverser un nuage de fumée en allant aux toilettes. Mme Indinimeo s'indigne que La Repubblica ait évoqué des «travaux forcés».

«Dans tous les pays du monde, il me semble qu'on considère comme inacceptable de fumer à l'école ou au bureau. Mais il n'est pas nécessaire d'avoir des mesures particulières, parce que la normalité est de suivre les normes. Chez nous, malheureusement, l'objectif est de les réinterpréter jusqu'à trouver une faille.»