L'implantation du bouclier antimissile américain en Pologne «pousse à la course aux armements» en Europe «et au-delà», a déclaré mercredi le ministère russe des Affaires étrangères.

«De tels actes entraînent la défiance, poussent vers la course aux armements sur le continent et au-delà», déclare le ministère dans un communiqué, après la signature mercredi d'un accord entre les États-Unis et la Pologne sur l'implantation d'éléments du bouclier dans ce pays.

Le déploiement en Europe du bouclier antimissile américain, doté d'un «potentiel antirusse réel», ne va «pas le moins du monde améliorer la sécurité du continent», ajoute le ministère.

«En dépit de la position de la Russie et du développement réel de la situation politico-militaire en Europe, le potentiel stratégique américain se rapproche obstinément de nos frontières», déclare encore Moscou.

Les installations de radars américains en République Tchèque «vont pouvoir "balayer" pratiquement toute la partie européenne de notre pays, quant aux missiles-intercepteurs à longue portée installés en Pologne, ils n'ont ni n'auront dans un avenir envisageable d'autres cibles que les missiles balistiques intercontinentaux russes», ajoute le communiqué.

Il est «évident» que ce système est appelé à «s'élargir et se moderniser», et la Russie «sera alors contrainte de réagir, et pas seulement par la voie diplomatique», souligne Moscou, qui dénonce «les tentatives des États-Unis de changer l'équilibre stratégique en leur faveur».

Le bouclier antimissile «n'est qu'un des instruments dans un ensemble extrêmement dangereux de projets militaires américains», signifiant «la sortie du cadre des limitations dans le domaine des armements stratégiques», et notamment «le développement de projets de déploiement de forces de frappe dans l'espace», indique encore le communiqué.

La course aux armements «n'est pas le choix de la Russie», qui «n'a pas l'intention de s'écarter du dialogue» mais exigera «des gestes réels» et «des accords internationaux juridiquement certifiés», dit le ministère.

Aux termes de l'accord signé mercredi, les États-Unis vont pouvoir installer en Pologne à l'horizon 2012 dix intercepteurs capables de détruire en vol d'éventuels missiles balistiques à longue portée, couplés à un puissant radar implanté en République tchèque.

Ces nouveaux éléments complèteront un système déjà en place aux États-Unis, au Groenland et au Royaume-Uni. Le projet américain a reçu en avril l'appui unanime des pays de l'OTAN.