Le président français Nicolas Sarkozy a demandé mercredi à Kaboul aux soldats français de poursuivre le «combat contre le terrorisme», après la mort de dix des leurs dans l'attaque la plus meurtrière contre les troupes étrangères en Afghanistan depuis 2001.

Accompagné par les ministres des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de la Défense, Hervé Morin, le chef de l'État s'est rendu au camp Warehouse, quartier général du commandement régional de Kaboul de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN, en périphérie de la capitale.

«La meilleure façon d'être fidèles à vos camarades c'est de continuer le travail, c'est de relever la tête, c'est d'agir en professionnels», a-t-il lancé aux militaires français.

«Je tenais à vous dire que le travail que vous faites ici, il est indispensable (...). Pourquoi on est ici ? Parce qu'ici se joue une partie de la liberté du monde. Ici se mène le combat contre le terrorisme», a poursuivi M. Sarkozy.

«Je n'ai pas de doute, il faut être là. (...) je vous dis en conscience que si c'était à refaire, je le referais. Pas la patrouille et l'enchaînement des événements, mais le choix qui m'a amené à confirmer le choix de mes prédécesseurs d'envoyer l'armée française ici», a-t-il souligné.

M. Sarkozy avait décidé en avril de renforcer le contingent français en Afghanistan.

Le président français et les deux ministres se sont recueillis devant les cercueils des dix soldats, dans la chapelle ardente dressée dans le camp, puis M. Sarkozy s'est entretenu avec des militaires du 8e Régiment parachutiste d'infanterie de marine (8e RPIMa), qui lui ont raconté l'embuscade et les combats contre les talibans, dans la vallée d'Uzbeen du district de Saroubi, à 50 km à l'est de Kaboul.

Une centaine d'insurgés islamistes avaient pris lundi en embuscade une unité de reconnaissance, tuant neuf soldats français.

Il a fallu l'intervention d'une force de réaction rapide et un soutien aérien rapproché pour dégager les troupes. Une trentaine d'insurgés auraient été tués, selon M. Morin.

Un dixième soldat, parmi ceux dépêchés pour récupérer les blessés, est mort mardi, lorsque son véhicule blindé s'est renversé.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière pour l'armée française depuis l'attentat contre l'immeuble le Drakkar à Beyrouth en 1983 (58 morts).

Cette embuscade illustre la nouvelle stratégie d'encerclement de la capitale par les talibans, auparavant cantonnés dans leurs bastions du sud et de l'est de l'Afghanistan.

Parallèlement, les insurgés ont multiplié depuis le début de l'année les actions spectaculaires dans la capitale, comme notamment la tentative d'assassinat du président Hamid Karzaï en avril.

M. Sarkozy s'est ensuite rendu à l'hôpital du camp, où il a rencontré des soldats blessés, avant de s'entretenir avec le général Michel Stollsteiner, commandant français des troupes internationales dans la région de Kaboul, puis avec son homologue afghan Hamid Karzaï, qui lui a présenté ses «condoléances».

«La France est une amie sincère et un soutien important de l'Afghanistan et nous sommes profondément attristés et choqués», a déclaré M. Karzaï à l'issue de l'entretien.

Le président français a ensuite quitté Kaboul pour la France, alors qu'un Boeing médicalisé a rapatrié en fin de matinée 11 des 21 blessés français et que les corps des dix soldats tués devaient arriver dans la journée.

Environ 3000 militaires français sont actuellement engagés en Afghanistan, au sein de l'Isaf. Avant les pertes de lundi, 13 militaires français étaient morts en Afghanistan depuis 2002, dans des accidents, opérations ou attentats.

Quelque 176 soldats étrangers sont morts en Afghanistan depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP basé sur les communiqués militaires.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis. Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, celle de l'OTAN et l'autre sous commandement américain (Opération Enduring Freedom).