Barack Obama a écrit une page d'histoire hier au Colorado. Et tant son colistier Joe Biden que l'ancien président Bill Clinton ont déployé des efforts considérables pour qu'il puisse en écrire une autre en novembre prochain en étant élu président.

«Barack Obama est prêt à être président des États-Unis», a affirmé haut et fort Bill Clinton, souhaitant visiblement chasser tout doute de l'esprit des Américains quant à l'expérience du sénateur de l'Illinois.

Quelques heures plus tôt, ce dernier était officiellement devenu candidat démocrate à la Maison-Blanche. Jamais un Noir n'avait encore été désigné candidat d'un des grands partis américains.

Obama a été élu par acclamation. Sa victoire devait initialement être officialisée par un vote symbolique, tenu par égard envers son ancienne rivale, Hillary Clinton. Mais celle-ci a réclamé la fin du scrutin.

«Dans un esprit d'unité (...) déclarons ensemble d'une seule voix ici et maintenant que Barack est notre candidat et sera notre président», a lancé la sénatrice de l'État de New York.

Il était tout près de 17h, heure de Denver. L'émotion était palpable. Des larmes coulaient sur les joues de plusieurs des milliers de partisans réunis dans l'enceinte du Pepsi Center.

Allocution passionnée

Les pleurs ont fait place à une longue ovation lorsque le mari de la candidate défaite est monté sur scène, alors que des milliers de délégués agitaient furieusement des drapeaux américains.

Bill Clinton, qu'on avait jusqu'ici accusé de soutenir trop mollement Obama, l'a louangé sans ambiguïté. Son allocution, passionnée, a été saluée à plusieurs reprises par des applaudissements nourris.

Il a avant tout cherché à riposter aux critiques des républicains, qui accusent souvent Obama de manquer d'expérience. L'ancien président a rappelé qu'avant d'être élu, en 1992, ses rivaux lui avaient fait des reproches similaires.

«Ça n'a pas marché en 1992 car nous étions du bon côté de l'histoire. Et ça ne marchera pas en 2008 car Barack Obama est du bon côté de l'histoire», a-t-il lancé.

Tout en se portant à la défense du candidat démocrate, Bill Clinton a tiré à boulets rouges sur le bilan des républicains sous George W. Bush.

Il a énuméré les crises traversées par son pays, des problèmes du système de santé à ceux de l'économie en passant par la mauvaise réputation des États-Unis à l'étranger. Et il a affirmé que John McCain à la Maison-Blanche donnerait exactement le même résultat.

«Le travail du prochain président sera clairement de reconstruire le rêve américain et de restaurer le leadership américain dans le monde, a-t-il dit. Et tout ce que j'ai appris au cours de mes huit ans de présidence et avec le travail accompli depuis en Amérique dans le monde m'a convaincu que Barack Obama est l'homme pour faire ce travail.»

Le sénateur du Delaware Joe Biden a pour sa part été désigné hier candidat démocrate à la vice-présidence. Il a lui aussi louangé Barack Obama et attaqué John McCain, qu'il a associé à Bush.

Le rêve américain, soit «la promesse que demain sera meilleur qu'hier», est en péril, a prévenu Biden. «Je le sais, vous le savez, mais John McCain ne semble pas le comprendre», a-t-il ajouté.

La convention démocrate se termine aujourd'hui. Barack Obama acceptera d'être le candidat du Parti démocrate en prononçant un discours devant plus de 75000 personnes. Ce sera à son tour de prouver aux Américains qu'il a bel et bien l'étoffe d'un président.