Un tribunal argentin a condamné à la prison à perpétuité deux généraux en retraite, Antonio Bussi, ex-gouverneur de la province de Tucuman pendant la dictature (1976-83), et son second Luciano Menendez, pour le meurtre d'un sénateur argentin.

Antonio Bussi, 82 ans, et Luciano Menendez, 81 ans, ont été condamnés pour enlèvement, tortures et assassinat du sénateur péroniste Guillermo Vargas Aignasse, «disparu» en 1976 au premier jour du coup d'Etat militaire.

Cette sentence a été saluée par des vivats et des applaudissements par une foule rassemblée devant le tribunal, mais certaines personnes présentes ont toutefois protesté avec violence après que le tribunal eut annoncé qu'Antonio Bussi n'irait pas en prison.

L'ancien chef militaire restera en effet assigné à son domicile, comme le prévoit la loi argentine pour les personnes âgées de plus de 70 ans. Menendez a de son côté été condamné le 24 juillet à la prison à vie pour d'autres crimes commis pendant la dictature. Il purge déjà sa peine dans une prison commune et non à son domicile comme le permet cette loi, conformément à la décision du juge qui reste libre de son choix.

Au cours du procès, Antonio Bussi avait justifié, en larmes, la répression pendant la dictature, s'agissant, a-t-il dit, d'une «guerre» contre le marxisme.

Chef du troisième corps d'armée dans la région de Tucuman (nord-ouest), l'ancien militaire avait critiqué «l'omission systématique et délibérée du contexte historique» dans lequel a eu lieu «la lutte contre la subversion».

Il a expliqué que les militaires ayant participé à cette «guerre» l'avaient fait sur ordre du pouvoir politique, alors démocratique, représenté par la présidente Isabel Peron en 1975.

Antonio Bussi a déclaré que dans la région de Tucuman, où il fut également gouverneur, les militaires argentins étaient engagés dans «une guerre destinée à annihiler l'agression marxiste-léniniste représentée par des groupes de délinquants terroristes organisés».

«Ces groupes n'étaient pas formés de jeunes idéalistes, mais de traîtres à la patrie», a-t-il assuré, éclatant plusieurs fois en sanglots, au point que l'audience a été interrompue à plusieurs reprises.

Pendant son procès en juillet, Luciano Menendez n'avait lui non plus rien renié de son passé, s'insurgeant même qu'on puisse le juger.

«Nous sommes le premier pays du monde, qui juge ses soldats victorieux qui se sont battus et ont gagné sur l'ordre et en faveur de leurs compatriotes. Il s'agissait d'une guerre pour sauver le pays du communisme», avait-t-il déclaré.