Trois personnes, dont une femme, ont été tuées et 22 autres blessées vendredi dans des échanges de tirs entre membres des communautés sunnite et alaouite à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Les combats, qui ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi, se poursuivaient en début d'après-midi, certains impliquant des roquettes de type RPG, selon un correspondant de l'AFP.

Trois personnes, dont une femme, ont été tuées dans les affrontements entre des combattants du quartier à forte majorité sunnite de Bab al-Tebbaneh et celui à majorité alaouite de Jabal Mohsen, a déclaré le responsable sous couvert de l'anonymat.

Une roquette a touché un appartement situé près du marché aux légumes déclenchant un incendie dans la maison, tandis qu'une autre roquette a atteint une mosquée de Bab al-Tebbaneh.

Selon le responsable des services de sécurité, la plupart des blessés l'ont été dans des échanges de tirs, et au moins un par un tireur embusqué.

Le mufti (sunnite) du nord du Liban, Malek al-Chaar, avait pourtant annoncé un cessez-le-feu à partir de 12H30 (5 h 30 HAE) au terme d'une réunion entre responsables politiques et religieux de Tripoli.

Des haut-parleurs ont exhorté les habitants à ne pas se rendre dans les mosquées pour la prière hebdomadaire du vendredi et à prier chez eux, et les magasins sont restés fermés dans les quartiers où se déroulaient les combats.

«Nous avons fui notre foyer dans la nuit et nous nous sommes réfugiés dans une mosquée avec près de 70 autres familles», a déclaré Ali al-Cheikh, père de sept enfants.

D'autres familles qui n'ont pu fuir les zones d'affrontements se sont réfugiées dans des magasins ou des garages souterrains alors que des combattants armés se déployaient dans les rues au vu de l'armée qui n'est pas intervenue, selon le correspondant de l'AFP.

Un porte-parole de l'armée a déclaré à l'AFP que des «renforts allaient être envoyés sur le terrain». Il a cependant affirmé que les soldats «ne pouvaient pas intervenir en raison de la densité de la population dans les quartiers touchés».

«Les activistes sont en train de tirer de l'intérieur des immeubes et l'armée ne peut pas riposter par crainte de blesser ou de tuer des civils», a-t-il expliqué.

Quatorze personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées depuis juin dans des affrontements entre ces deux quartiers de Tripoli, où l'armée s'était déployée en force à la mi-juillet.

Bab al-Tebbaneh, à majorité sunnite, est un fief de la majorité antisyrienne alors que les habitants de Jabal Mohsen appartiennent à la communauté alaouite, une branche du chiisme, et sont des partisans du mouvement chiite Hezbollah, chef de file de l'opposition.