Les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique de Téhéran, ont tiré mercredi un missile capable d'atteindre Israël, provoquant une vive réaction des États-Unis au moment où Américains et Israéliens n'écartent pas l'option militaire dans la crise du nucléaire iranien.

La chaîne de télévision iranienne en arabe Al-Alam a affirmé que neuf missiles ont été lancés dans le cadre de manoeuvres, notamment un «Shahab 3 équipé d'une charge conventionnelle, d'un poids d'une tonne et d'une portée de 2000 km», soit deux fois la distance séparant la frontière ouest de l'Iran d'Israël.

Selon l'agence Fars, le missile Shahab 3 emportait une «tête à fragmentation» permettant d'effectuer «une sorte de bombardement (...) des bases militaires, des lieux de regroupement des soldats et des navires ennemis».

Le Shahab III avait été testé pour la première fois en novembre 2006 mais ces nouveaux tirs interviennent dans une période de tension croissante avec l'Occident, où Téhéran refuse de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium soupçonné de servir des ambitions militaires.

Du sommet du G8 au Japon, les États-Unis ont demandé la fin du programme balistique de Téhéran.

«La production de missiles balistiques par l'Iran constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et est totalement incompatible avec les obligations de l'Iran» envers la communauté internationale, a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe.

«Les Iraniens devraient arrêter immédiatement le développement de missiles balistiques, qui peuvent être utilisés comme vecteur militaire pour une éventuelle arme nucléaire», a-t-il ajouté.

«C'est la prevue que la menace d'un missile iranien n'est pas le fruit de l'imagination», a renchéri la secrétaire d'État Condoleezza Rice en visite en Bulgarie.

Les Gardiens de la révolution ont commencé lundi des manoeuvres intitulées Grand Prophète III dont l'objectif est d'améliorer leurs «capacités de combat».

«Le but de ces exercices est de montrer que nous sommes prêts à défendre l'intégrité de la nation iranienne», a déclaré mercredi le commandant des forces aériennes des Gardiens Hossein Salami, cité par Al-Alam.

«Nos missiles sont prêt à être lancés n'importe où, n'importe quand, vite et avec précision», a-t-il dit. «L'ennemi ne doit pas répéter ses erreurs. Ses cibles sont sous notre surveillance», a-t-il ajouté.

Outre le Shahab 3, des missiles Zelzal, d'une portée de 400 km, et Fateh, d'une portée de 170 km, ont également été lancés, a précisé la chaîne en anglais Press-TV montrant le lancement du Shahab 3 dans une zone désertique non identifiée d'Iran.

Le chef de la marine des Gardiens de la révolution, l'amiral Morteza Safari, a affirmé que ses forces «voulaient montrer leur capacité à faire face à tout aventurisme» des ennemis de l'Iran, a rapporté l'agence Fars.

Des navires britanniques et américains avaient de leur coté achevé mardi cinq jours de manoeuvres dans le Golfe visant à protéger des installations pétrolières, selon la 5e flotte américaine basée à Bahreïn.

Le chef d'état-major de l'armée iranienne avait averti samedi que son pays fermerait le détroit d'Ormuz, à l'entrée du Golfe, par où transite environ 40% du pétrole mondial, si ses intérêts étaient en jeu.

Mardi, l'Iran avait menacé de «mettre le feu» à Tel-Aviv et à la flotte américaine dans le Golfe en cas d'attaque contre ses installations nucléaires, au moment où des grandes puissances l'exhortent à suspendre tout enrichissement d'uranium.

Washington a minimisé ces menaces et répété mardi vouloir régler le conflit par la voie diplomatique. Mais les États-Unis, comme Israël, n'ont pas exclu un recours à la force pour empêcher l'Iran d'acquérir la bombe atomique.

Les grandes puissances examinent actuellement la réponse de l'Iran à une offre de coopération en échange de la suspension de ses activités nucléaires les plus sensibles.