L'embrasement d'un avion est rarissime. Et l'appareil qui est sorti de piste hier à Madrid a peut-être subi une série de défaillances techniques, selon un ingénieur en aéronautique.

« Je peux vous dire avec certitude que c'est fort probablement une combinaison d'événements », croit l'ingénieur Pierre Bertrand.

L'Espagne a ouvert hier une commission d'enquête pour déterminer les causes et les circonstances exactes de l'accident d'avion qui a coûté la vie à au moins 153 personnes. Les boîtes noires ont été récupérées. D'ici là, Pierre Bertrand a accepté de partager ses premières impressions.

Selon son hypothèse, une pièce rotative a peut-être explosé à l'intérieur du moteur, qui serait par conséquent tombé en panne. « Ensuite, on peut croire que des débris de la pièce auraient endommagé d'autres systèmes connexes de l'avion. Cela aurait empêché le pilote de continuer son décollage », explique Pierre Bertrand.

L'ingénieur le dit et le redit : ce genre d'embrasement est rarissime en aviation. Quand un problème survient au décollage, les pilotes peuvent en général poursuivre leur manoeuvre pour atterrir en lieu sûr. « Les avions sont tous dotés d'un système d'extinction, souligne Pierre Bertrand. Et quand un moteur tombe en panne, l'autre peut prendre le relais. »

L'ingénieur estime qu'il est possible que le retard du décollage en raison de problèmes techniques n'ait aucun lien avec la triste conclusion.

Son collègue, l'ingénieur Patrick Ladouceur, souligne que le décollage demeure la phase la plus critique d'un vol. « Au décollage, les moteurs roulent à leur puissance maximale. Toute la structure est extrêmement chaude. Quand ce fond de train est maintenu trop longtemps, le moteur peut brûler », explique ce professeur de l'École nationale d'aérotechnique.

Le type d'appareil qui s'est embrasé hier a fait ses preuves par le passé, souligne Patrick Ladouceur. Le MD-82 est le successeur du DC-9, un avion qu'Air Canada a utilisé pendant 20 ans. « C'est l'un des appareils les plus fiables de l'aviation civile. »