Les dépouilles des dix soldats français tués dans une embuscade en Afghanistan ont été rapatriées mercredi tard dans la soirée à Paris où étaient déjà arrivés en fin de matinée 11 des 21 soldats blessés dans ces mêmes combats contre les talibans.

L'Airbus de l'armée de l'air transportant les dépouilles des dix soldats s'est immobilisé à 23H15 (17H15 HAE) devant le pavillon d'honneur de l'aéroport de Roissy où le premier ministre François Fillon était attendu.

Une haie d'honneur avait été formée devant l'avion, le ministre des Anciens combattants, Jean-Marie Bockel, était au pied de l'appareil, a indiqué un journaliste de l'AFP qui se trouvait à bord de l'Airbus.

Un impressionnant dispositif policier tenait les journalistes à distance du pavillon d'honneur, a indiqué un autre journaliste de l'AFP. Une heure auparavant, dix corbillards étaient arrivés à l'aéroport. Des membres des familles des soldats étaient également à Roissy.

Le premier ministre français François Fillon a rejoint vers 00H40 les familles qui se recueillaient devant les cercueils.

M. Fillon s'est incliné devant les dépouilles au cours d'une cérémonie d'une dizaine de minutes, qu'un participant a décrit à l'AFP comme «extrêmement émouvante».

Le général Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre, a décoré à titre posthume chaque soldat tué de la croix de la valeur militaire avec palme.

En fin de matinée, 11 des 21 soldats blessés dans l'embuscade tendue par les talibans à l'est de Kaboul, avaient été rapatriés sur Paris et dirigés vers deux hôpitaux de la capitale et de Saint-Mandé.

Les blessés ont été touchés par des balles ou des éclats lors de l'attaque qui s'est produite lundi à 50 km à l'est de Kaboul, à l'exception de deux d'entre eux blessés dans un accident de blindé.

Dix autres blessés, plus légèrement atteints, devraient être rapatriés ultérieurement, a annoncé le ministère de la Défense, sans en préciser la date.

Le président Nicolas Sarkozy est rentré en début de soirée de Kaboul, où il a demandé aux soldats français de «relever la tête», au nom du «combat contre le terrorisme».

Jeudi, à l'issue du premier Conseil des ministres de la rentrée, le président de la République présidera aux Invalides une «cérémonie nationale d'hommage» aux militaires tués, en présence du premier ministre et de plusieurs ministres et parlementaires de la majorité et de l'opposition

À partir de 11h30, il assistera à un office religieux oecuménique en l'église Saint-Louis des Invalides. M. Sarkozy prononcera ensuite un éloge funèbre, puis déposera sur chaque cercueil des 10 soldats tués des décorations à titre posthume. Les honneurs militaires seront ensuite donnés à ces militaires.

Le chef de l'État s'entretiendra ensuite, à huis clos, avec leurs familles.

Les victimes sont issues de régiments basés à Castres, Calvi et Noyon.

L'émotion qui prévalait dans la classe politique française mardi, à l'annonce de l'embuscade, a cédé la place mercredi à un climat plus polémique.

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS, opposition) François Hollande, parmi d'autres voix à gauche et même à droite, a appelé à «redéfinir la mission» des troupes françaises en Afghanistan.

François Fillon a invité en réponse M. Hollande à «respecter le temps du deuil».

Par ailleurs, selon le Monde daté de jeudi, des soldats blessés lors de l'embuscade ont mis en cause «la lenteur de la réaction du commandement et de sérieux problèmes de coordination». «Il y a un temps pour la compassion, et un temps pour le retour d'expérience», a réagi le général Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre. Il a assuré que «tous les enseignements» seront tirés de l'embuscade.